OYONO FERDINAND LÉOPOLD (1929-2010)
Homme politique et romancier camerounais, né le 14 septembre 1929 à Ngoulemakong, près d'Ebolowa (Cameroun).
Après avoir passé son enfance dans la région d'Ebolowa, Ferdinand Léopold Oyono poursuit ses études en France, à l'École nationale d'administration, tout en travaillant comme acteur pour le théâtre et la télévision dans les années 1950. Parallèlement, il écrit ses deux œuvres les plus connues, Une vie de boy (1956) et Le Vieux Nègre et la médaille (1956), reflets du sentiment anticolonialiste croissant de cette époque. En 1960, il retourne au Cameroun et intègre le corps diplomatique. Il devient envoyé spécial en Guinée, au Mali, au Sénégal et au Maroc en 1961-1962. De 1963 à 1975, il est ambassadeur au Liberia, dans les pays du Benelux, auprès du Marché commun européen, en France, en Italie, en Tunisie, au Maroc et en Algérie. Il travaille ensuite pour les Nations unies en tant que représentant auprès du Conseil de sécurité ainsi que président du Conseil d'administration de l'Unicef, de la Commission politique du Conseil de sécurité, et du Conseil sur la Namibie. Après avoir rempli la fonction d'ambassadeur au Royaume-Uni (1984-1985), Ferdinand Oyono retourne au Cameroun pour travailler au sein du gouvernement.
Le premier livre de Ferdinand Oyono, Une vie de boy, se présente sous la forme d'un journal. Il décrit avec franchise et humour la vie souvent brutale d'un boy au service d'un commandant français. Le Vieux Nègre et la médaille est une satire du colonialisme à travers les yeux d'un vieux villageois loyal et très croyant, dont l'opinion sur l'homme blanc change du tout au tout le jour où il doit recevoir une médaille pour « services » rendus à la France (le sacrifice de ses fils et de sa terre). Dans ces deux romans, Ferdinand Oyono accuse clairement les missionnaires paternalistes et les administrateurs. Son ton ironique sait transmettre toute la tragédie et la souffrance de la vie des petites gens, souvent des paysans analphabètes, qui acceptent naïvement les doctrines du colonialisme français. En se moquant des maîtres colonialistes qui s'aveuglent délibérément et de leurs marottes, autant que des villageois simples, Ferdinand Oyono brosse souvent des portraits hilarants, tout en tirant parti de l'expérience d'acteur comique de ses jeunes années. Dans un autre registre, son troisième roman, Chemin d'Europe (1960), aborde le problème d'un jeune homme mieux instruit que ses pairs, mais dépourvu des capacités nécessaires pour lui assurer le succès.
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Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
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AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Littératures
- Écrit par Jean DERIVE , Jean-Louis JOUBERT et Michel LABAN
- 16 566 mots
- 2 médias
...fait le miroir des sociétés africaines, le roman recourt souvent à la force décapante de l' ironie : c'est l'arme littéraire des Camerounais Mongo Beti (1932-2001) et Ferdinand Oyono (1929-2010). Le premier, volontiers anticlérical, montre dans Le Roi miraculé (1958) les ravages entraînés par la conversion...