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GALIANI FERDINANDO (1728-1787)

Né à Chieti, dans les Abruzzes, Ferdinando Galiani fit d'abord des études de philosophie et de mathématiques à Naples. Initié à l'économie politique par Bartolomeo Intieri et le marquis Rinuccini, il rédigea en 1734 un essai Sur l'état de la monnaie au temps de la guerre de Troie et un essai philosophique, L'Amour platonique, avant de traduire l'Anti-Lucrèce du cardinal de Polignac et les Considérations de Locke. Il se révélait ainsi une sorte de touche-à-tout d'une inlassable curiosité mais aussi d'une impatience dans l'étude qui le poussait à papillonner d'un sujet à l'autre avant de l'avoir épuisé. Il connut rapidement le succès avec son Traité de la monnaie dont la première édition parut au mois de septembre 1751, succès qui lui valut le bénéfice de Centola et l'abbaye de Saint-Laurent, ce qui l'obligea, pour pouvoir en jouir, à prendre les ordres mineurs. Après un voyage à Rome (1751), il s'en fut à Florence (1752) où il publia sous le nom de B. Intieri l'étude De la parfaite conservation du grain (1754) à laquelle il avait largement contribué, puis L'Éloge du pape Benoît XIV (1758) qui paracheva sa jeune gloire, si bien qu'en 1759 il fut nommé officier du secrétariat d'État, puis secrétaire d'ambassade à Paris. Après des débuts obscurs, il devint rapidement célèbre en fréquentant le salon de Mme d'Épinay et la société du baron d'Holbach, se liant d'amitié avec Diderot, Grimm, Marmontel, Morellet. Beau parleur et fin diseur, Galiani formait à lui seul tout un spectacle, pérorant avec fougue de sa voix flûtée et disant des choses que « l'on trouvait sublimes ». Quand il dut quitter la capitale en 1769 pour avoir déplu au ministre Choiseul, il laissa, avec des regrets, le manuscrit de ses Dialogues sur le commerce des blés qui parurent l'année suivante. De retour à Naples, il connut la nostalgie de l'exilé, bien qu'il fût comblé d'honneurs. Ses hautes fonctions administratives ne l'empêchèrent pas de continuer à écrire sur les sujets les plus variés. Aussi quand il mourut avait-il encore la tête pleine de projets, dont celui de composer « cent quatre-vingt-douze ouvrages in-folio sur un système qui devait avoir pour titre : De rebus omnibus et quibusdam aliis ».

Marmontel disait de lui : « Épicurien dans sa philosophie avec une âme mélancolique, ayant tout vu du côté ridicule, il n'y avait rien, ni en politique, ni en morale, à propos de quoi il n'eût un bon conte à faire. » Ce portrait révèle en fait la complexité d'une personnalité qui échappe à la prise. Ce qui est certain, c'est que sous le costume d'Arlequin il y avait un érudit dont témoigne, entre autres, son Traité de la monnaie où il expose une théorie de la valeur qui s'appuie sur deux bases, subjective — l'utilité — et objective — la rareté. Cet ouvrage remarquable le place parmi les grands économistes du xviiie siècle, bien au-dessus de Hume, mais aussi parmi les grands classiques de la littérature italienne à cause des qualités de son style, malgré un ton parfois grave et déclamatoire. Ses Dialogues, en revanche, doivent surtout leur célébrité à la violence de la réaction des physiocrates dont les théories sur l'agriculture comme fondement de la richesse nationale étaient battues en brèche. La liberté économique absolue était pour ce libéral prudent un idéal dont il fallait s'approcher pas à pas en adaptant sa marche aux circonstances de temps et de lieu.

— Norbert JONARD

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Écrit par

  • : professeur de langue et littérature italiennes à l'université de Dijon

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