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ERKEL FERENC (1810-1893)

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Fondateur du style national de l' opéra hongrois au xixe siècle, Ferenc Erkel composa également l'hymne de son pays.

Né le 7 novembre 1810, à Gyula, dans une famille d'origine allemande, Ferenc Erkel se considère comme Hongrois et vit à Pozsony (auj. Bratislava, en Slovaquie). Comptant parmi ses ancêtres de nombreux musiciens et professeurs de musique, le jeune Erkel commence son apprentissage musical auprès de son père, puis étudie, de 1822 à 1825, à Pozsony, sous la férule du compositeur Henrik Klein. De 1828 à 1834, il vit à Kolozsvár (auj. Cluj-Napoca, en Roumanie), puis s'établit à Pest en 1835. Jusqu'en 1841, Erkel se produit régulièrement comme soliste ou pour accompagner d'autres artistes au piano. Nommé chef d'orchestre de la Scène nationale au théâtre du château de Buda en 1835, il dirige le Théâtre allemand de Pest en 1836 et 1837.

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En 1838, Erkel devient premier chef d'orchestre du tout nouveau Théâtre hongrois de Pest (rebaptisé Théâtre national en 1840). Il s'attache alors à promouvoir l'opéra en langue hongroise, avec l'intention de créer une troupe capable de rivaliser avec celle du Théâtre allemand de Pest. Il monte ainsi les œuvres de Gioacchino Rossini, Vincenzo Bellini, Daniel François Esprit Auber et Carl Maria von Weber, mais fait aussi revivre l'opéra de József Ruzitska Béla futása (« La Fuite de Béla »), considéré comme le premier véritable opéra en langue hongroise, créé en 1822.

Après l'échec de cette dernière production, Erkel se met à composer ses propres opéras, mêlant des éléments musicaux des pays de l'ouest de l'Europe à des thèmes hongrois. Parmi ses premiers ouvrages lyriques, citons Bátori Mária (1840) et Hunyadi László (1844), dont les livrets sont tous deux signés par Béni Egressy. Certaines de ses œuvres ultérieures, qui bénéficient durablement d'une gigantesque popularité, sont adaptées sous la forme de chants révolutionnaires. C'est également en 1844 que l'Hymnusz, dont les paroles proviennent d'un poème éponyme écrit en 1823 par Ferenc Kölcsey et dont la musique est signée par Erkel, est adopté comme hymne national de la Hongrie.

Afin de subvenir aux besoins de sa famille, Erkel écrit également de la musique d'accompagnement ainsi que des chansons pour des pièces populaires (notamment celles du dramaturge prolifique Ede Szigligeti), et enseigne la musique à la fille de l'archiduc Albert. Après la révolution de 1848, à l'issue de laquelle la Hongrie obtient son indépendance, Erkel reconstitue presque ex nihilo la troupe d'opéra du Théâtre national. En 1853, il crée l'embryon de la future Société philharmonique (dont le statut d'association est officiellement enregistré en 1867), institution qui donne des concerts au Musée national et, par la suite, au théâtre Vigadó. Erkel présente en outre sur scène des œuvres d'Hector Berlioz, de Robert Schumann, de Richard Wagner et de Franz Liszt. En 1857, son opéra Erzsébet (« Élisabeth ») ne remporte pas la faveur du public. Quatre ans plus tard, Erkel produit son œuvre la plus célèbre, Bánk bán (inspirée d'une tragédie de József Katona, d'après un livret d'Egressy), qui était probablement prête à être montée depuis plus de dix ans. Son premier opéra comique, Sarolta (1862), constitue cependant un nouvel échec. L'opéra Dózsa György (1867) affiche quant à lui des touches wagnériennes dans son utilisation des leitmotive, tandis que Brankovics György (1874) reprend des éléments musicaux hongrois, serbes et turques.

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Dans ses opéras suivants, Erkel commence à confier à ses fils Gyula, Sándor et Elek des travaux d'orchestration, avant de les laisser écrire des accompagnements complets. En 1871, Erkel annonce qu'il quitte la direction de l'orchestre de la Société philharmonique, mais il continuera en réalité à officier pendant quelques années, cédant progressivement les rênes à Hans Richter. En 1873, il prend la tête des opéras du Théâtre national, mais il démissionne un an plus tard, afin de diriger uniquement ses compositions personnelles.

Ferenc Erkel joue un rôle majeur dans la fondation, en 1875, de l'Académie de musique de Budapest, où il occupe le poste de directeur et de professeur de piano. Il demeure à la tête de cette institution jusqu'en 1887, puis abandonne sa charge pédagogique l'année suivante. Composé durant cette période, l'opéra Névtelen hõsök (1880, « Héros anonyme ») reprend des éléments de la musique populaire hongroise. Erkel écrit l'une de ses dernières œuvres majeures, Ünnepi nyitány (1887, « Ouverture du festival »), pour le cinquantième anniversaire de l'inauguration du Théâtre national de Budapest. Il meurt le 15 juin 1893, à Budapest.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

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