BODSON FERNAND (1877-1966)
Le rôle de pionniers des architectes belges dans la genèse de l'Art nouveau européen ainsi que dans la réaction qui suivit, à la veille de 1914 — nouvelles tendances à la géométrisation, retour à la ligne droite avec l'Art déco — est bien connu. Mais la puissante stature d'Antoine Pompe (1873-1980) a quelque peu éclipsé celle de son ami Fernand Bodson, le fondateur des premières revues belges consacrées au mouvement moderne, Tekhné et Art et technique. Les deux hommes s'étaient rencontrés chez l'architecte-ébéniste Georges Hobé. Associés dès 1910, ils présentent à l'exposition nationale du mobilier, en 1914, un mobilier d'ouvrier : son bois clair et ses formes nues contrastent avec les courbes de l'Art nouveau encore à la mode.
Ces pionniers du modernisme participent naturellement au mouvement des cités-jardins, très vivant en Belgique au lendemain de la Première Guerre mondiale : ils réalisent ensemble une partie de la cité Batavia, à Roulers, qui se réclame des constructions traditionnelles de la Flandre. Grand admirateur de F. L. Wright, Bodson défend en effet l'idée que l'architecte doit se soumettre aux conditions locales. En 1921, Pompe et Bodson se séparent. Le premier va enseigner à l'école de la Cambre, où Van de Velde l'a appelé, tandis que Bodson, passionné par les problèmes de préfabrication, fonde sa société de construction et bâtit des logements sociaux.
Pour la cité Homborch, à Uccle (1928-1930), il s'inspire des modèles russes et suédois : le plan des pavillons permet au foyer unique de la cuisine de chauffer toute la maison. Lors de l'exposition internationale de Liège, en 1930, dans le cadre de la cité du Tribouillet, Bodson édifie six maisons en brique et manifeste ainsi sa fidélité aux matériaux traditionnels. Considéré comme l'un des maîtres de l'architecture sociale, il est sollicité, en 1938, de donner les plans d'une cité-jardin pour les employés de la banque d'État de Lituanie. On l'oubliera ensuite — il ira mourir aux États-Unis en 1966 —, mais les jeunes historiens belges de l'architecture moderne l'ont remis à sa vraie place de précurseur en compagnie de V. Bourgeois, De Koninck et A. Pompe.
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Écrit par
- Roger-Henri GUERRAND : professeur émérite à l'École d'architecture de Paris-Belleville
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