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BOULARD FERNAND (1898-1977)

Prêtre et sociologue du catholicisme – par où son nom est lié à celui de Gabriel Le Bras –, le chanoine Boulard est arrivé à la sociologie par souci pastoral. Curé d'une paroisse rurale, puis aumônier de la J.A.C. (Jeunesse agricole chrétienne), il publia d'abord L'Art d'être curé de campagne (1941). Lorsqu'il écrit, avec les abbés Achard et Emerard, Problèmes missionnaires de la France rurale (2 vol., 1945), il montre la nécessité, pour le clergé rural, de connaître la vie sociale de ses paroisses. L'ouvrage Essor ou déclin du clergé français ? (1950), qui s'interroge sur le rôle du prêtre, est déjà un ouvrage de sociologie. Entre-temps, Fernand Boulard était entré en contact avec Gabriel Le Bras, qui avait, dès 1931, lancé un appel demandant qu'on étudiât la pratique du catholicisme en France.

En 1947, avec G. Le Bras, il établit la Carte religieuse de la France rurale sur la base des données de Le Bras et de données nouvelles (les éditions de cette carte allaient se succéder, de plus en plus complètes et de plus en plus précises). Ensuite il met en œuvre un immense dispositif d'enquête, pour se livrer enfin à une réflexion sur le sens de résultats minutieusement établis.

L'incitation de Le Bras était double : d'une part, rassembler un maximum de renseignements sur les pratiques, présentes et passées, pour tracer un tableau en quelque sorte tachiste à partir de touches multiples ; d'autre part, chercher des critères simples de la pratique permettant la quantification. C'est cette seconde voie, plus austère et permettant de disposer immédiatement les données selon les exigences de la statistique et de la cartographie que choisit Fernand Boulard. L'essentiel de ces méthodes a été exposé dans l'ouvrage collectif : Comment réaliser un recensement d'assistance à la messe dominicale (1960), dont il avait dirigé la composition.

La réalisation de ce programme donna lieu à une vaste campagne d'enquêtes à travers toute la France. Enquêtes rurales d'abord facilitées par la connaissance personnelle qu'ont les curés de la pratique des fidèles ; enquêtes urbaines ensuite. À mesure que les diocèses s'ouvrent à ces investigations, les connaissances deviennent plus précises. La première carte avait été établie en grande partie sur la base des visites pastorales des évêques. Un nouveau pas est franchi lorsque le curé donne directement à l'enquêteur ses évaluations catégorie par catégorie. On arrive au maximum de précision lorsque la quantification peut s'établir sur la base de listes nominatives. Trente-six diocèses français avaient pu être explorés selon cette méthode : presque tous les autres le furent aussi, bien que par des enquêtes plus lâches.

Pour les villes, il fallait procéder autrement. Jacques Petit avait montré qu'il était possible de faire remplir un bulletin anonyme à des paroissiens assemblés pour la messe dominicale. L'opération effectuée pour une paroisse avec un tout petit nombre de questions fut étendue à de grandes villes avec des questionnaires plus importants. Presque toutes les villes françaises de plus de 50 000 habitants, et bon nombre d'autres plus petites, ont été l'objet de telles enquêtes.

La pastorale constituait d'une certaine façon le sens de la sociologie de Boulard. C'est ce qui se lit en particulier dans ses Premiers Itinéraires en sociologie religieuse (1954). Mais connaître l'état religieux pour agir n'était pas le seul but et cela n'interdisait pas de chercher à comprendre le pourquoi. Mieux, le besoin d'une pastorale qui ne fût pas une simple redistribution de l'équipement ecclésiastique entraînait une recherche des causes profondes de la différenciation religieuse des régions. De là naquit Pratique religieuse urbaine[...]

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