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BRAUDEL FERNAND (1902-1985)

Un homme de la conjoncture

En 1979, Fernand Braudel a soixante-dix-sept ans et s’est engagé dans le dernier grand ouvrage de sa vie. L’Identité de la France, restée inachevée, est une histoire de la France surprenante, mais impossible à confondre avec la vague de récits nationaux d’histoires nationales qui se lève alors. Ce retournement du regard sur la France n’est pas un repli mais un point d’arrivée, une étape nouvelle dans sa réflexion sur l’histoire, l’espace, les infrastructures, les superstructures, la longue durée. Il s’agit de prendre une « mesure inhabituelle de la France », à la fois de son identité et de ses diversités. Mais, pour Braudel, c’est aussi, à l’approche de sa mort, la quête plus intime de sa propre identité, qui « réconcilie l’autobiographie et l’histoire collective » (Maurice Aymard).

Auteur d’une œuvre magistrale, organisée autour d’une réflexion ininterrompue sur l’histoire, le temps et la longue durée, traversée par le plaisir de l’écriture, Braudel a été paradoxalement un « homme de la conjoncture » (Immanuel Wallerstein), de la conjoncture économique et politique mais aussi intellectuelle. Sa disparition a coïncidé avec l’effondrement des grandes ambitions des sciences sociales, confrontées à des réductions régulières de ressources matérielles et financières. Aussi les institutions développées par Braudel, toujours actives, n’ont-elles pas prolongé son programme d’« histoire ambitieuse », d’ailleurs jugée trop « européocentrique » (Jack Goody) par certains. Pourtant, la longue durée en particulier mériterait d’être réinscrite à l’agenda des sciences sociales.

Fernand Braudel a été élu à l’Académie française en 1984. Il est mort à Cluses (Haute-Savoie) le 27 novembre 1985.

— Bertrand MÜLLER

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Fernand Braudel - crédits : Sergio Gaudenti/ Sygma/ Getty Images

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