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GAMBIEZ FERNAND (1903-1989)

Né à Lille le 27 février 1903, petit-fils d'un mineur du Borinage, fils d'un officier sorti du rang, homme de la frontière, Fernand Gambiez est soldat comme son père. Saint-cyrien, il mène d'abord une carrière classique : officier de légion pendant cinq ans au Maroc, stagiaire à l'École supérieure de guerre en 1935, capitaine commandant de compagnie en mai-juin 1940.

Refusant de s'avouer vaincu, il va devenir en quatre ans un des plus prestigieux combattants d'une armée renaissante. Affecté à la section « moral » de l'état-major de l'armée, il participe à sa mission de redonner à l'armée de l'armistice des raisons de vivre et d'espérer. L'invasion de la zone libre le 11 novembre 1942 brise ses efforts, mais non sa volonté de reprendre le combat.

Évadé de France en décembre 1942 à travers les Pyrénées, interné cinq mois en Espagne, il rejoint l'Afrique du Nord où le général Giraud le charge de constituer un bataillon destiné à aider les organisations de résistance.

À la tête du bataillon de choc, composé de volontaires, le commandant Gambiez débarque en Corse en septembre 1943, dans l'île d'Elbe en juin 1944. Quelques mois plus tard, mis à la tête de la brigade de choc et de commandos, il s'illustre lors de la prise de Belfort dont il est un des libérateurs, à Colmar et mène les chocs jusqu'en Autriche.

Après la guerre, le père des chocs, le combattant si décoré, est pendant douze ans (1949-1961) au cœur de tous les conflits de décolonisation qu'il affronte, à des postes de plus en plus grande responsabilité, en officier français et chrétien, se réclamant de l'exemple de Gallieni, tout à la fois commandant opérationnel et pacificateur, soldat et diplomate. À la tête du si difficile secteur des évêchés au Tonkin, puis chef d'état-major du général Navarre au moment de Diên Biên Phu où tombe un de ses fils, responsable de l'accueil au Sud-Vietnam des réfugiés du Nord après les accords de Genève, il connaît pendant six ans tous les drames de l'Indochine avant de traverser, de 1955 à 1958, en Tunisie comme commandant de division puis commandant supérieur, trois années très critiques dans les relations franco-tunisiennes. Affecté en 1958 au commandement civil et militaire du corps d'armée d'Oran, il y obtient de très remarquables résultats dans la pacification tout en répudiant tout recours aux méthodes que refuse sa sensibilité chrétienne. Enfin, le 8 février 1961, il est nommé commandant en chef en Algérie en plein drame algérien, en pleine crise de l'armée. Le 21 avril, fidèle au gouvernement de la République, il est déporté par les auteurs du putsch d'Alger dans les confins sahariens. Après l'échec du putsch, le général d'armée Gambiez est nommé directeur de l'Institut des hautes études de défense nationale qu'il dirige jusqu'à la limite d'âge de son grade en 1965. Nommé conseiller d'État et président du conseil d'administration de la Caisse nationale militaire de sécurité sociale, il entreprend parallèlement une carrière d'historien. Sa riche expérience du combat, l'exercice des responsabilités aux plus hauts échelons, combinés à son goût de la recherche, lui ont permis d'écrire une histoire de la Première Guerre mondiale originale, jamais hagiographique, sachant mettre en valeur la peine des combattants et les aspects logistiques du conflit, souvent ignorés. De son commandement de commandos au profit de la Résistance comme de son combat contre les guérillas, il a tiré une théorie de la guerre en style indirect : la victoire ne naît pas du choc de masses armées, d'affrontements directs ; elle appartient à celui qui, peut-être plus faible, a su, par une stratégie multidirectionnelle, déséquilibrer son adversaire et, ainsi, le rendre vulnérable.[...]

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Écrit par

  • : docteur habilité à la recherche, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, ancien chef du service historique de l'Armée de terre

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