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OURY FERNAND (1920-1998)

Un influence grandissante

« La classe institutionnelle où le fantasme devient parole [...] tout comme l'agitation devient activité [...] est un lieu où toute parole peut être entendue (sinon reçue), justement parce que ce lieu n'est pas n'importe quoi : des lois précises y sont observées, qui permettent transferts, projections, identifications, etc. [...] et un certain contrôle de ce qui se passe », écrit Fernand Oury dans le livre « rouge », De la classe coopérative à la pédagogie institutionnelle. En effet, ses trois principaux livres sont marqués d'une couleur, comme les couleurs des ceintures de judo, qui permirent de créer une discipline collective des comportements : arrêtée en conseil, mais soumise à la différenciation des parcours personnels. Les « monographies » d'enfants en seront la littérature. C'est là que la psychanalyse joue son rôle, comme une lecture de la subjectivité à l'école, en situation scolaire, et transcende l'étude de cas. Le « cas » en fait est celui de l'enseignant et de ses relations « contre-transférentielles ».

Ce que Fernand Oury indique ici, c'est que la classe et l'école sont des acteurs décisifs dans la structuration de la personnalité de l'enfant et de l'adolescent. On le redécouvre aujourd'hui, dans la grande violence sociétale. Les livres se vendent en nombre, sans publicité. La pédagogie institutionnelle inspire de surcroît les milieux éducatifs, les travailleurs sociaux, l'animation urbaine. Elle porte en elle-même la matrice d'une pédagogie de résistance, d'une démocratie d'« apprentissage », et de prévention de la violence. En 1972, Fernand Oury crée des « centres de pédagogie et de psychothérapie institutionnelles », après d'autres propositions aussi novatrices, comme le « complexe expérimental » qui liait déjà école, formation et recherche.

On peut résumer l'ensemble de cette méthode dans une visée plus complexe mais claire : une école en bonne santé mentale, qui se soigne et soigne ses relations humaines, tient résolument à la démocratie des apprentissages et enseigne dans le respect des hétérogénéités, une telle école réussit. Nous le constatons chaque jour. Elle peut prendre plus de temps au départ, mais elle réveille le désir d'école, ce qui aujourd'hui est presque un miracle. Fernand Oury a ainsi ouvert le champ d'une pédagogie du savoir en situation sensible. La pédagogie institutionnelle ne fait que commencer.

— Jacques PAIN

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Écrit par

  • : professeur des Universités en sciences de l'éducation à l'université de Paris-X-Nanterre

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