Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PORTAL FERNAND (1855-1926)

Lazariste français, l'un des principaux artisans, avec lord Halifax, de l'effort de rapprochement entre anglicans et catholiques, dans le premier quart du xxe siècle. Né à Laroque, dans l'Hérault cévenol, d'une famille modeste, Fernand Portal est confié à un oncle prêtre, puis aux petits séminaires de Beaucaire et de Montpellier. Attiré par la mission, il entre, en 1874, chez les lazaristes (société des prêtres de la Mission, fondée par saint Vincent de Paul). Il est ordonné prêtre en 1880, mais une affection pulmonaire l'empêche de réaliser sa vocation : il ne sera pas missionnaire, mais professeur dans divers grands séminaires méridionaux.

En 1889-1890, dans l'île de Madère, où il passe l'une de ses nombreuses convalescences, il fait la rencontre qui va orienter toute sa vie, celle de Charles Lindley Wood, vicomte et lord Halifax (1839-1934), chef de la tendance de l'anglicanisme la moins éloignée de Rome, le ritualisme ou anglo-catholicisme. Alors naît une grande amitié et, après que Portal a renoncé à faire passer Halifax au catholicisme, leur vient l'idée de travailler à la réconciliation de Rome et de Canterbury par la méthode de l'« union en corps », fondée sur la connaissance et l'estime réciproques. Entre 1893 et 1896, Halifax et Portal (professeur à Cahors, puis dégagé de toute tâche ecclésiale) réussissent, dans la conjoncture favorable du pontificat de Léon XIII, à sensibiliser de larges secteurs de leurs Églises au problème de l'union. Cette première « campagne anglo-romaine » est centrée sur la question de la validité des ordres anglicans : après avoir failli réussir, les deux amis échouent devant la conjonction des catholiques anglais et des adversaires romains des « nouveautés françaises ». La bulle Apostolicae Curae, en 1896, réaffirme solennellement la nullité des ordinations anglicanes.

La Revue anglo-romaine (1895-1896) doit disparaître et Fernand Portal reprend son poste de professeur. Pendant vingt-cinq ans, il n'est plus question de négocier directement, mais de créer les conditions d'un sursaut unioniste et d'en préparer les artisans. Cette tâche est facilitée par la promotion de Portal à la tête du séminaire universitaire Saint-Vincent-de-Paul, qui double à Paris le séminaire des Carmes, à partir de 1899. Responsable de la formation d'un jeune clergé intellectuel, en contact avec des élèves des grandes écoles et avec tout ce que Paris compte d'intelligentsia catholique, il lance un double mouvement de réflexion fondamentale et d'approche documentaire des chrétientés séparées, sans se limiter cette fois à l'anglicanisme, mais en s'ouvrant largement à l'orthodoxie. Ces deux branches d'un même apostolat sont emportées par la crise moderniste : par ses curiosités, son ouverture, ses amitiés, Portal est suspect ; en 1908, sa Revue catholique des Églises, créée en 1904, cesse de paraître et il doit quitter son supériorat pour une retraite parisienne prématurée. Il maintient des liens étroits avec son réseau de jeunes prêtres unionistes et prend, juste avant la guerre, la responsabilité spirituelle des « talas » de l'École normale supérieure, qu'il conservera jusqu'à sa mort.

La guerre mondiale stimule les préoccupations unionistes dans toutes les confessions. Portal a la joie de voir quelques-uns de ses disciples accéder à des postes de commande (l'abbé Quenet auprès des Russes émigrés, à Paris) et, à la faveur d'une ouverture anglicane, en 1920, il peut lancer, avec son ami Halifax, sous l'égide du cardinal Mercier, une seconde « campagne anglo-romaine » : celle des conversations de Malines entre 1921 et 1926, auxquelles il consacre ses dernières forces.

— Étienne FOUILLOUX

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur des Universités, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lyon-II-Louis-Lumière

Classification