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FERNANDEL FERNAND CONTANDIN dit (1903-1971)

Fernand Joseph Désiré Contandin dit Fernandel débuta au music-hall comme enfant prodige avant de devenir un des rois du comique troupier. À cette époque, la décentralisation était effective : on pouvait devenir vedette à Marseille avant de recevoir le sacre parisien. Son numéro bien rôdé, Fernandel « monte » à Paris et débute à Bobino. Itinéraire désormais classique : il est remarqué par Mayol, qui l'engage dans une somptueuse revue.

Le cinéma, par ailleurs, était en quête de talents nouveaux, sachant maîtriser — et servir — les nouvelles techniques du son. Fernandel offrait les qualités souhaitées, étayées par une solide formation de chanteur et de comédien. Il fit ses débuts dès 1930 aux côtés de Raimu dans Le Blanc et le Noir, et fut dirigé par Jean Renoir dans On purge Bébé (1931). Il tire parti de son physique ingrat de façon plutôt grinçante et s'impose très vite dans Le Rosier de Mme Husson en 1932. Il tourne alors une série de vaudevilles militaires très prisés du grand public de l'époque : Les Gaietés de l'escadron, Le Coq du régiment, La Garnison amoureuse, comédies qui ont pour principal mérite de lui faire croiser la route de Pierre Brasseur, de Raimu et de solides comédiens de complément. Marcel Pagnol lui propose alors de tourner une adaptation de Giono, Angèle (1934) : l'acteur évolue le plus naturellement du monde dans un contexte familier et réussit sa première composition dramatique, surprenante pour ceux qui s'obstinaient à ne voir en lui qu'un « comique provençal ». Ne pouvant par ailleurs décontenancer le public qui lui était fidèle, il persévéra dans le registre du comique naïf, tout en étant capable de s'adapter aux situations les plus incongrues. Il est à la fois légionnaire, roi de France, escroc, colonel, sans jamais perdre sa spontanéité ni sa scansion des mots si particulière.

Il va essayer ensuite d'atteindre un public qui le trouvait trop outrancier : il fait partie du somptueux générique de Carnet de bal (1937) de Julien Duvivier et poursuit sa collaboration avec Pagnol dans deux de ses meilleurs films : Regain (1937) et Le Schpountz (1938).

Pendant l'Occupation, sa carrière ne connaît pas de temps morts ; il ne retrouvera pourtant de rôles intéressants qu'en 1945 avec Naïs — où sa composition, dans un rôle de handicapé, est hallucinante — et ne sera reconnu comme acteur « à part entière » que dans Meurtres de Richard Pottier (1950). À la même époque, Sacha Guitry réussit à le faire revenir au théâtre à ses côtés dans Tu m'as sauvé la vie, dont il tourne également l'adaptation cinématographique. Il aborde un nouveau tournant et devient un solide acteur de composition à l'instar de Raimu et de Harry Baur. Le temps des tourlourous est révolu, même si Fernandel veut continuer à divertir le public qui lui demeure fidèle : Le Petit Monde de Don Camillo, Don Juan et Ali Baba alternent avec La Table aux crevés et Le Fruit défendu, où il a des rôles dramatiques.

Avec l'avènement de la Nouvelle Vague et du système de production des années soixante, sa popularité s'effrite, et il se reconvertit dans la production en fondant avec Jean Gabin une firme, la « Gafer ». Néanmoins, il reste toujours très apprécié, même si ses derniers films ne sont plus des succès de box-office.

Cette façon de déclencher le rire à la moindre de ses apparitions et de susciter sans démagogie l'émotion du spectateur se retrouve de plus en plus rarement dans le Gotha du cinéma actuel ; on peut simplement regretter que Fernandel n'ait pu rencontrer tout au long de sa prolifique carrière davantage de Guitry ou de Pagnol.

— André-Charles COHEN

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