NAMORA FERNANDO (1919-1989)
Enfant d'une famille de paysans, Fernando Namora naquit à Condeixa, au Portugal, le 15 avril 1919. Il étudia tout d'abord à Coimbra et, plus tard, à Lisbonne. Mais ses études supérieures de médecine se déroulèrent à nouveau à Coimbra.
En 1938, il débuta dans la vie littéraire portugaise avec un livre de poèmes intitulé Relevos, et avec un roman As sete partidas do mundo. Parallèlement à l'écriture, Namora se consacre aussi à la peinture. Son intérêt pour les arts plastiques ne se démentira d'ailleurs jamais. En 1942, il publie un roman, Fogo na noite escura (traduit en français, en 1971, sous le titre de Feu dans la nuit). Ces premières œuvres dessinent parfaitement le cadre idéologique de la littérature de Namora, qui appartient à l'aile la plus hétérodoxe du réalisme social qui, au Portugal, est désigné sous le nom de « néo-réalisme », quoique ce mouvement à caractère politique fût vécu par Namora dans un incessant esprit critique et au travers d'une intelligence et d'une sensibilité extrêmement ouvertes à la complexité des problèmes contemporains. Ces œuvres circonscrivent, en même temps, le milieu où se déroulent ses premiers romans : la vie des étudiants dans une petite ville de province portugaise, Coimbra, marquée par une prestigieuse tradition universitaire.
La deuxième phase de l'œuvre de Namora est plus directement liée à sa propre expérience de médecin dans les milieux ruraux portugais : elle est marquée par la parution de livres tels que Casa da Malta (1945), Minas de Sao Francisco (1947) et surtout, en 1949, le premier volume des Retalhos da vida de um médico (traduit en français, en 1955, sous le titre Carnet d'un médecin de campagne), A Noite e a Madrugada et O trigo e o joio (1954, Le Bon Grain et l'ivraie).
La troisième phase de l'œuvre de Namora correspond à son retour à Lisbonne. L'influence de certains aspects de l'existentialisme français et l'importance acquise par la problématique de l'aliénation dans le cadre de la pensée de la gauche européenne le rendent particulièrement sensible à l'inhumaine situation des masses dans les grandes métropoles, qui conduit à l'hypocrisie sociale et à l'isolement des individus. Les titres de ses livres expriment clairement cette vision du monde. Namora publie en 1957 O homem disfarçado (L'Homme au masque, 1961), Cidade Solitaria (1959) et, en 1961, la grande œuvre de cette période : Domingo à tarde (Dimanche après-midi), qui donna origine à un film d'Antonio de Macedo. Entre-temps, il reprend certains thèmes de ses romans antérieurs dans la seconde série de ces Retalhos da vida de um médico qui connaissent, à nouveau, un grand succès.
Malgré l'attrait qu'il a pour la vie moderne, Namora sent que ce qu'il y a de plus important dans son œuvre littéraire réside dans ce témoignage solitaire et dramatique de la vie d'un médecin dans les milieux ruraux du Portugal. D'une certaine façon, toute la perplexité qui naît chez lui devant le retour à la ville s'exprime dans des œuvres extrêmement intéressantes où la fiction croise le reportage et l'essai : Dialogo em Setembro (1965), Um sino na montanha, Os adoradores do Sol.
Simultanément, Namora poursuit son travail de pur romancier (Os clandestinos) et rassemble des poèmes écrits pendant les dix dernières années précédentes sous le titre de Marketing (1969).
La problématique « néo-réaliste » de sa toute première poésie (réunie dans Asfrias madrugadas) s'est convertie, alors, en une analyse impitoyable des structures mercantiles urbaines. Le dernier grand roman de Namora sera O rio triste, en 1982 (traduit en 1987 sous le titre : Le Fleuve triste). Fernando Namora meurt en 1988. Ses derniers textes (qui comprennent approches autobiographiques, réflexions critiques, carnets de[...]
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Écrit par
- Eduardo PRADO COELHO : professeur à l'université nouvelle de Lisbonne
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