FERTILITÉ DES SOLS
Facteurs fonciers
Les facteurs fonciers sont de deux ordres. Les uns relèvent du climat. Il s'agit d'abord de la radiation globale qui procure aux plantes l'énergie lumineuse dont elles ont besoin et qui varie avec la latitude, l'altitude, l'exposition ; ensuite, d'autres facteurs atmosphériques, tels que le taux de gaz carbonique, le degré hygrométrique, les vents, la température, qui commandent les échanges gazeux de la plante et finalement son métabolisme (photosynthèse, transpiration, absorption hydrique et minérale) ; enfin, la pluviosité, considérée dans sa répartition saisonnière plus encore que dans son volume annuel.
Ces facteurs sont, en effet, pour la plupart difficilement maîtrisables par l'homme, qui n'en tente pas moins, çà et là en plein champ, des actions limitées : réchauffement de l'atmosphère dans la lutte contre le gel des cultures fruitières ou maraîchères ; installation de brise-vent pour réduire le pouvoir évaporant et réaliser ainsi une économie dans la consommation d'eau ; nébulisations hydriques à haute fréquence tentées dans le même but (en ex-U.R.S.S.) sur des cultures à revenu brut élevé (thé). Seule l'irrigation, qui occupe une position charnière déjà évoquée entre les facteurs fonciers et les facteurs techniques, constitue une pratique confirmée depuis les âges les plus reculés de l'agriculture, notamment sur le Croissant fertile, en Chine et en Europe occidentale.
En revanche, sur certains espaces, encore très limités il est vrai, l'homme est parvenu à maîtriser à peu près complètement ces facteurs atmosphériques, en construisant des serres chauffées dont on peut dire qu'elles représentent le maximum de « fertilité climatique », bien que cette terminologie ne soit guère usitée.
Les autres facteurs fonciers relèvent du sol, ou plutôt du profil pédologique, c'est-à-dire de l'ensemble sol et substratum. Il s'agit, en premier lieu, du volume exploitable par les racines, avec ses qualités intrinsèques de capacité pour l'air et pour l'eau qui conditionnent la circulation hydrique, ces caractères physiques étant liés à la texture et à la structure des divers horizons du profil, dont il faut exclure les niveaux supérieurs soumis à l'action de l'homme (façons culturales et amendements).
Comme le prouvent les résultats figurant au tableau, la nature du substratum constitue également un facteur de production dont l'importance relative est fonction du climat et des caractères du sol. Ainsi, sous le climat semi-continental des plaines intérieures du Massif central français, en modifiant le volume des réserves hydriques disponibles pour la culture, la substitution d'un substratum marneux imperméable à un substratum grossier perméable a permis de plus que doubler le rendement en grain d'un blé d'hiver cultivé cependant sur un sol argileux (45 p. 100) et profond.
Cet exemple illustre les relations d'interdépendance qui existent généralement entre le sol et le climat, qui contribuent, l'un et l'autre, à exprimer la fertilité foncière du milieu géographique.
Cependant, là encore, certains des caractères « fonciers » du sol n'échappent pas totalement à l'emprise humaine. Depuis longtemps, l'agriculteur a mis en œuvre des opérations d'assainissement et de drainage des terres pour combattre les phénomènes d'asphyxie liés aux excès d'eau. De même, les travaux de défoncement, de dérochement, de sous-solage n'ont d'autre but que d'améliorer de façon durable, sinon définitive, la profondeur du profil cultural et, par conséquent, la fertilité du sol.
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Écrit par
- Louis GACHON : ingénieur agronome, docteur ès sciences, directeur de recherche, chef du département d'agronomie de l'Institut national de la recherche agronomique
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