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FÈS

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Si Fès (en arabe Fās) est aujourd’hui une capitale régionale, chef-lieu de la région de Fès-Meknès, elle a occupé à plusieurs reprises le statut de ville impériale. Située au nord du Maroc, dans la plaine fertile du Saïss, entre les massifs montagneux du Rif et du Moyen Atlas, Fès a été fondée à la fin du viiie siècle, sous la dynastie des Idrissides. La ville s’est d’abord développée autour de l’ancienne médina de Fès el-Bali, entourée de remparts au xiie siècle, sous le règne des Almoravides. Au siècle suivant, les Mérinides fondèrent une nouvelle ville à l’ouest de l’ancienne médina, Fès el-Jedid. Communiquant par la porte Bab Bou Jeloud, les deux anciennes parties de la ville furent réunies au xixe siècle. Le tout forme la médina, entièrement piétonne et inscrite depuis 1981 au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui reconnaît à la fois le patrimoine archéologique et architectural de la ville, mais aussi la culture, les modes de vie et les savoir-faire qui y perdurent. Fès a longtemps été le cœur économique, culturel et religieux du royaume du Maroc, et est considérée comme un modèle de la culture citadine marocaine. À l’époque médiévale, elle a été l’épicentre des mouvements intellectuels et religieux de la civilisation islamique organisés autour de la mosquée et université al-Quaraouiyine (859), considérée aujourd’hui comme la plus ancienne université au monde encore en activité. Parsemée de monuments historiques à caractère religieux, civil ou militaire, comme le palais royal Dar el-Makhzen et la Medersa Bou Inania (école coranique), la médina de Fès, encore très densément peuplée, abrite aussi de nombreuses activités artisanales qui alimentent ses souks, dont quatre tanneries traditionnelles, la plus importante étant celle de Chouara.

Maroc : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Maroc : carte administrative

Tanneries à Fès, Maroc - crédits : Mitzo/ Shutterstock

Tanneries à Fès, Maroc

La ville de Fès doit son développement à sa situation de carrefour des routes commerciales reliant l’Afrique subsaharienne au nord de la Méditerranée – par le détroit de Gibraltar – et au reste du monde arabe à l’est. La richesse culturelle de la ville se lit notamment dans son paysage urbain, partagé entre des inspirations andalouses, orientales et africaines. Sous le protectorat français (1912-1956), Fès connaît une nouvelle extension vers l’ouest et le sud, sur le modèle d’un urbanisme colonial organisant une ségrégation sociale et spatiale de la ville. L’urbaniste Henri Prost, sous la houlette du général Hubert Lyautey, crée un nouveau noyau urbain destiné aux Européens, dont l’actuelle avenue Hassan II est présentée comme une vitrine de la modernité. Sous le protectorat, Fès devient un des principaux lieux de développement du mouvement national marocain, autour notamment de jeunes membres des grandes familles fassies. En revanche, la ville connaît au xxe siècle des recompositions économiques, sociales et démographiques importantes, qui réduisent son rayonnement. Ainsi, alors qu’avant le protectorat elle était la principale ville du Maroc, les Français organisent dès 1912 le transfert des pouvoirs politiques et des industries à Rabat, à 180 kilomètres à l’ouest. Au cours du xxe siècle, tandis que les élites fassies s’installent dans les grandes villes du littoral comme Rabat, Casablanca ou Tanger, les populations rurales pauvres se déplacent dans la médina désormais délaissée, ainsi que dans les périphéries de la ville, donnant lieu aux premiers bidonvilles.

Depuis les années 1990, Fès est une métropole insérée dans la mondialisation par ses activités industrielles, touristiques et culturelles, dont l’aéroport international Fès-Saïss (étendu à plusieurs reprises depuis le début du xxe siècle) est un symbole. Directement connecté aux grandes villes européennes (Paris, Barcelone, Milan, Londres), il complète l’accessibilité d’une région déjà bien desservie par les infrastructures routières[...]

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Écrit par

  • : docteure en géographie, attachée temporaire d'enseignement et de recherche, université Gustave Eiffel, Champs-sur-Marne

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Médias

Maroc : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Maroc : carte administrative

Tanneries à Fès, Maroc - crédits : Mitzo/ Shutterstock

Tanneries à Fès, Maroc

Autres références

  • BAZAR

    • Écrit par
    • 3 351 mots
    • 8 médias
    – le bazar centré consacré au commerce de détail et entouré de khāns comme l'ancien bazar d'Istanbul, comme au Maghreb les bazars de Fès, Salé, Marrakech, Tunis ou Tashqurghan (en Afghanistan) ;
  • ÉVOLUTION DE LA VILLE ISLAMIQUE

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    • 1 média
    ...ensuite revivre d'anciennes métropoles d'empire et villes de gouvernement, telles l'ottomane Istanbul, l' Isfahan séfévide ou même les cités marocaines de Fès, Marrakech et Meknès sous les Mérinides, les Saadiens ou les Alaouides. Mais il s'agissait toujours de la répétition de schémas proprement médiévaux,...
  • HASSAN Ier (1836-1894), sultan du Maroc (1873-1894)

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    Dernier grand sultan du Maroc pré-colonial, Moulay Hassan (Moūlāy Ḥasan) occupe une place particulière dans la galerie des souverains chérifiens, par sa personnalité, riche et complexe, par son rôle dans l'ultime sauvegarde du pays face à l'impérialisme européen, par l'image populaire, enfin,...

  • MAROC

    • Écrit par , , , , et
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    • 22 médias
    ...économique » (population estimée à 3,6 millions d'habitants en 2008) ; Rabat-Salé (1,7 million), la capitale politique et administrative du royaume ; Fès, l'ancienne capitale makhzénienne (1 million). Au deuxième rang se situent Marrakech (887 000 hab.) qui commande son espace régional, Agadir (679 000...