ANGOULÊME FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA BANDE DESSINÉE D'
À sa naissance, en janvier 1974, rien ne laissait penser que le salon international de la bande dessinée d’Angoulême – abrégé en SIBD, puis FIBD quand, en 1996, le Salon prend l’appellation de festival –, deviendrait en France, et même dans le monde, la manifestation la plus importante consacrée à ce mode d’expression, alors souvent considéré comme un simple divertissement pour enfants ou pour adultes nostalgiques de leur jeunesse.
Naissance d’un festival
Le concept de salon de la bande dessinée, mêlant stands d’éditeurs, dédicaces d’auteurs, expositions, conférences et cérémonies de remises de prix naît en Italie, en 1965, avec le festival de Bordighera, qui, à partir de 1966, se déplace à Lucques. Le Salone internazionale dei comics di Lucca (1966-1992) sert de modèle aux fondateurs de celui d’Angoulême, deux membres du conseil municipal de la ville, Francis Groux et Jean Mardikian, et le directeur littéraire des éditions Dargaud, Claude Moliterni. En 1974, à l’occasion de l’édition inaugurale du SIBD, dont Alain Saint-Ogan (créateur de la série Zig et Puce) est le président d’honneur, ils réussissent à faire venir deux auteurs américains, Burne Hogarth et Harvey Kurtzman. Le premier grand prix de la ville d’Angoulême est attribué au Belge André Franquin. Le succès est modeste (entre 5 000 et 10 000 visiteurs), mais au cours des années suivantes le salon gagnera en renommée, notamment grâce à la présence d’Hergé, en 1977.
Des caps décisifs sont franchis en 1982 avec la visite de Jack Lang, alors ministre de la Culture, puis en 1985 avec celle du président de la République François Mitterrand. Depuis, le festival s’est imposé dans le calendrier des événements culturels, contribuant à la légitimation de la bande dessinée. Il est devenu aussi un grand succès populaire, parsemant la ville de chapiteaux éphémères (dits « bulles »), où se presse une foule souvent compacte.
Sur le plan médiatique et artistique, le festival d’Angoulême dépasse les espérances de ses fondateurs. Tout au long de son histoire, soucieux d’acquérir une dimension internationale, le festival invite les plus grands créateurs de la bande dessinée mondiale (Hugo Pratt, Will Eisner, Robert Crumb, Art Spiegelman, Osamu Tezuka, Jirō Taniguchi…), en prenant soin de ne pas se couper des jeunes générations. Ainsi, le succès auprès des adolescents de la manifestation parisienne Japan Expo incite les organisateurs à regrouper, à partir de 2019, les stands des éditeurs de bandes dessinées asiatiques dans un très grand pavillon appelé « Manga City ».
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Écrit par
- Dominique PETITFAUX : historien de la bande dessinée
Classification
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