FESTIVALS
Les festivals de théâtre
Encore rares au début des années 1950, les festivals de théâtre se sont multipliés depuis lors dans le monde entier. Dans l'ensemble, après une spécialisation d'origine, ils ont cessé de se cantonner à un genre exclusif. Aujourd'hui, en quête d'une vitalité nouvelle, le théâtre côtoie ainsi la danse, la musique ou l'opéra, parfois les arts plastiques et le cinéma, diversifiant ainsi les propositions artistiques à l'adresse des spectateurs. L'exemple du festival d'Avignon est représentatif de cette évolution, amorcée au milieu des années 1960 dans la cité des Papes. Si le festival d'Édimbourg a suivi un cheminement différent, sa programmation s'ouvre également sur une pluridisciplinarité. Cette orientation est revendiquée depuis leur origine par le festival d'Automne à Paris et le Kunsten festival des Arts de Bruxelles. Seul, parmi les manifestations évoquées ci-après, le Festival de théâtre des Amériques à Montréal restait entièrement fidèle à son appellation, tandis que le festival d'Aurillac a élargi le champ spécifique du théâtre aux arts de la rue.
Ces mutations répondent certes à des critères artistiques, mais également à la prise en compte d'intérêts politiques ou économiques qui entrent en jeu dans l'organisation d'un festival. Si la notion de festival implique toujours une durée ponctuelle, son aspect festif tend à s'infléchir au fil des années malgré les nombreuses propositions de rencontres et d'échanges qui accompagnent chacun de ces rendez-vous. Un signe du temps, encore absent de festivals modestes qui marquent ainsi leur différence avec leurs homologues plus prestigieux, parfois au détriment d'une véritable ambition artistique. Hormis ceux qui relèvent davantage du tourisme, leur démarche répond à une nécessité : capter l'intérêt de spectateurs dont certains ne fréquenteront le théâtre qu'une seule fois dans l'année, précisément à cette occasion. Les indices d'audience, souvent en progression, témoignent de l'attrait du public pour cette forme de programmation. Au-delà de l'aspect public, les ambitions des festivals les plus importants répondent aujourd'hui à plusieurs objectifs – notamment présenter des œuvres étrangères, significatives et inédites dans leur structure nationale, et permettre ainsi la découverte des créations d'artistes qui n'auraient pas nécessairement trouvé leur place dans les réseaux de diffusion habituels. En France, comme ailleurs, les exemples ne manquent pas. Cette ouverture permet aussi d'aménager des passerelles ou des organisations de travail et d'échanges entre professionnels venus de divers horizons. Ainsi, durant ces dernières années, la pénétration des cultures extra-occidentales a notamment été favorisée et remarquée dans de nombreux festivals européens. En parallèle, ils ont, pour la plupart, la possibilité de passer commande à des artistes favorisant ainsi une dynamique de création, ou de susciter des projets expérimentaux à travers des productions ou coproductions ponctuelles. Pour les festivals les plus exigeants, les motivations sont fondées sur un véritable projet artistique évolutif. Il ne s'agit plus seulement de monter des opérations de prestige occasionnelles, mais de suivre et d'accompagner des créateurs et de dialoguer avec eux. Lorsque ces critères sont appliqués, les festivals de théâtre contribuent au renouvellement des formes esthétiques et à l'évolution de la pratique théâtrale contemporaine. Ils permettent, parfois mieux qu'ailleurs, d'en faire ressentir les interrogations et les enjeux.
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Écrit par
- Jean-Michel BRÈQUE
: agrégé des lettres, collaborateur de la revue
Avant-Scène Opéra - Matthieu CHÉREAU : chargé d'enseignement à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Jean CHOLLET : journaliste et critique dramatique
- Philippe DULAC : agrégé de lettres modernes, ancien élève de l'École normale supérieure
- Christian MERLIN : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Lille-III-Charles-de-Gaulle, critique musical
- Nicole QUENTIN-MAURER : écrivain
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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