JUIVES FÊTES
Les fêtes juives sont mobiles dans le calendrier civil, du fait qu'elles suivent le calendrier lunaire. Commençant en automne, ce dernier comprend les mois suivants : tišri, ḥešwan, kislew, ṭebet, šebat, adar, nissan, iyar, sivan, tammuz, ab, élūl. Afin de combler le retard pris dans la succession des saisons, au terme de chaque cycle de dix-neuf ans, sept années sont dites embolismiques et comptent un mois supplémentaire, adar II. Le temps juif comprend les jours ouvrables, le sabbat, la néoménie (célébrée comme une demi-fête), des fêtes de pèlerinage, des « jours austères », des demi-fêtes, des jeûnes et des jours mémorables. Les fêtes sont marquées par le repos, la recherche de la nourriture et de la boisson, la prière et l'étude. La plupart sont d'origine biblique et sont liées soit à un fait historique, soit à un principe cosmique. Selon certains, elles rythment l'activité agricole en premier lieu, leur signification théologique étant tardive. L'origine divine des fêtes est proclamée dans divers passages scripturaires, notamment dans le Lévitique, xliv 4 (« Voici les solennités de l'Éternel, convocations saintes que vous célébrerez en leur saison »).
Les fêtes proprement dites, « les Trois Fêtes » — Pâque, Pentecôte, la fête des Tabernacles — sont des fêtes de pèlerinage (Deut., xvi, 16) spécialement marquées dans l'antiquité hébraïque comme dans l'actuel État d'Israël.
Pessaḥ, Pâque (15-22 nissan, mars-avr.) commémore la Sortie d'Égypte (Exode, xii, 17-19). Les deux premiers soirs a lieu la cérémonie familiale du Seder (ordre), au cours de laquelle on lit la Haggadah : on y consomme des mets symboliques, dont les herbes amères, et l'on y boit quatre coupes de vin. Durant huit jours, on remplace la consommation du pain par celle des azymes en souvenir de la hâte avec laquelle les Hébreux quittèrent l'Égypte, emportant leur pâte non levée. Les jours suivants sont dits ḥol ha-mo'ed, jours ouvrables de la fête, tandis que les deux derniers sont également fériés. Saison de la libération de l'esclavage, Pâque annonce la rédemption messianique.
Ševu'ot (litt. « semaines », sept semaines après Pessaḥ), Pentecôte (6 et 7 sivan, mai-juin) commémore la promulgation de la Tora (Loi) sur le mont Sinaï (Exode, xix, 10-11). Les Hébreux apportaient au Temple les prémices des récoltes. La solennité synagogale de Ševu'ot qui comprend la lecture du Livre de Ruth dans une synagogue emplie de décorations verdoyantes, suit une nuit d'étude. Ševu'ot, joie de la moisson et de la révélation divine, exprime l'acceptation de la Loi divine par Israël libéré de l'esclavage.
Sukkot (litt. « cabanes »), fête des Tabernacles (15-23 tišri, sept.-oct.), enjoint au juif de vivre huit jours durant dans une cabane de branchages, c'est-à-dire à la manière dont vécurent les Hébreux dans le désert (Lév., xxiii, 39). Fêtes de la fin des récoltes, Sukkot est marquée par le balancement et la bénédiction des « quatre espèces » : un cédrat, une palme, trois rameaux de myrte et deux de saule (Lév., xxiii, 40). À l'époque du Second Temple, Sukkot était « la fête » par excellence : réjouissances populaires et illuminations drainaient vers Jérusalem les gens des villes et des campagnes suivant le précepte du Deutéronome (xvi, 15) « Tu seras seulement joyeux. »
Les « jours austères » sont Roš ha-šana (litt. « la tête de l'année »), le Nouvel An (1er et 2 tišri), rappel de la Création et du Jugement — où le juif prie Dieu de l'inscrire dans « le Livre de la Vie » et où il entend la sonnerie du Šofar (corne de bélier) — et surtout Yom ha-Kippūrim, le jour des expiations, « le Grand Pardon » (Lév., xxiii, 23 sqq.). Dit aussi simplement Kippūr, le « Grand[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Gérard NAHON : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)
Classification
Média
Autres références
-
CALENDRIERS
- Écrit par Jean-Paul PARISOT
- 9 907 mots
- 4 médias
...constitué de dix-neuf années solaires équivalant à 235 lunaisons. Le début de l'année a été ramené à l'équinoxe d'automne (mois de Tisseri). Pour fixer les fêtes et les cérémonies religieuses, le calendrier est utilisé sous la forme suivante : sur un cycle de 19 ans, 12 années sont communes et 7 embolismiques... -
ḤANUKKĀH
- Écrit par Richard GOULET
- 198 mots
-
JUBILÉS LIVRE DES
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 446 mots
Ouvrage biblique pseudépigraphique remarquable pour sa présentation chronologique qui découpe en « jubilés » (périodes de quarante-neuf ans) la série des événements relatés depuis la Genèse jusqu'au chapitre xii de l'Exode : chaque jubilé est à son tour divisé en sept séries...
-
JUDAÏSME - Histoire des Hébreux
- Écrit par Gérard NAHON
- 11 045 mots
- 4 médias
...les tendances théologiques très diverses, en dépit de l'unicité absolue de Dieu et de sa loi, la Tora. Enfin, la civilisation juive est historique. Les fêtes annuelles, qui drainent vers Jérusalem les familles des villages judéens ou galiléens comme des lointaines communautés de la Diaspora, commémorent... - Afficher les 16 références