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CASTRO FIDEL (1926-2016)

Fidel Castro, 1960 - crédits : Keystone/ Getty Images

Fidel Castro, 1960

En renonçant définitivement au pouvoir en février 2008, Fidel Castro – né en 1926 – signe un record de longévité politique au xxe siècle. Il a réussi à déjouer les prévisions des analystes qui n'envisageaient pas la survie du régime cubain après l'effondrement de l'URSS en 1991. La capacité de Fidel Castro à s'adapter et à se sortir de situations difficiles est extraordinaire : il a survécu à dix présidents américains et à des dizaines de tentatives d'assassinat. Président du Conseil des ministres et du Conseil d'État, premier secrétaire du Parti communiste cubain (PCC), parti unique, il concentre rapidement tous les pouvoirs entre ses mains après la victoire de la révolution le 1er janvier 1959. Homme d'action avant tout, c'est un chef d'État autoritaire à l'idéologie complexe, mélange de jésuitisme, de marxisme-léninisme et de tiers-mondisme. Entièrement identifié à la révolution cubaine, Castro est devenu le symbole de la résistance à l'impérialisme américain.

Premières armes militantes

Né le 13 août 1926 près de Birán, dans la province d'Oriente, Fidel Alejandro Castro Ruz est le fils d'un paysan galicien, arrivé à Cuba à la fin du xixe siècle, et de sa servante. La fratrie de neuf enfants, issue de deux unions, vit dans un grand domaine agricole. Parti étudier à Santiago de Cuba en 1934, Fidel Castro est un élève turbulent, prompt à la bagarre, mais la vie au collège lui enseigne la rigueur et la discipline. En 1941, il est envoyé à La Havane dans le meilleur établissement jésuite du pays. Il s'y distingue par sa prodigieuse mémoire, son goût pour les matières littéraires et surtout ses qualités sportives.

S'il se veut déjà meneur d'hommes – il harangue souvent ses camarades – lorsqu'il s'inscrit à l'université de droit de La Havane, Fidel Castro est novice sur le plan politique. Mais il apprend beaucoup grâce à ses lectures de Marx, Engels et Lénine, à sa fréquentation de membres des Jeunesses communistes (JC) et à son activisme dans des groupes étudiants radicaux comme le Mouvement socialiste révolutionnaire et l'Union insurrectionnelle révolutionnaire. Il devient rapidement une figure publique sans pourtant obtenir de mandat électif : il perd, en juillet 1947, l'élection au poste de secrétaire de la Fédération des étudiants. Véritable agitateur, il n'est pas avare de coups médiatiques : en 1947, il transporte à La Havane, avec quelques compagnons, la cloche de la sucrerie La Demajagua qui, en 1868, avait appelé les Cubains à la révolte contre la métropole. La même année, il adhère au Parti orthodoxe – anti-impérialiste et anticommuniste –, mais son activisme déborde largement ce cadre. Il fonde l'Action radicale orthodoxe, organisation de jeunesse liée au Parti.

Fulgencio Batista, 1955 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Fulgencio Batista, 1955

Fidel Castro se marie, en 1948, avec Mirta Diaz Balart dont il a un fils, Fidelito qui occupera, par la suite, une place importante sur la scène politique intérieure, mais son travail militant l'occupe à plein temps. Avocat de 1950 à 1953, il défend gratuitement les citoyens pauvres. Candidat au Parlement, sa carrière politique est compromise par le coup d'État de Fulgencio Batista le 10 mars 1952. Entré en clandestinité, Castro forme, à partir de l'organisation Action radicale orthodoxe, le noyau du groupe d'activistes qui mène, le 26 juillet 1953, l'attaque contre la caserne du Moncada (Santiago de Cuba) afin de renverser le régime. L'assaut est un échec et les insurgés sont d'abord condamnés à de lourdes peines de prison puis amnistiés par Batista en mai 1955. Fidel Castro s'exile au Mexique où il fonde le Mouvement du 26-Juillet (M26), en référence à l'attaque du Moncada, et organise un débarquement dans l'Oriente à la fin de 1956. Il prend la tête du mouvement de [...]

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Écrit par

  • : enseignante ATER de science politique à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine, chargée de cours à Sciences Po Poitiers (cycle ibéro-américain de Sciences Po Paris)

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Médias

Fidel Castro, 1960 - crédits : Keystone/ Getty Images

Fidel Castro, 1960

Fulgencio Batista, 1955 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Fulgencio Batista, 1955

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