FIÈVRE APHTEUSE

Prophylaxie

Deux grandes méthodes de prophylaxie sont disponibles et peuvent être combinées : la prophylaxie sanitaire et la prophylaxie médicale.

La prophylaxie sanitaire consiste, en milieu indemne, à prendre toutes les mesures destinées à empêcher l'introduction du virus (interdiction d'importation des animaux sensibles et de leurs produits, en provenance de pays infectés). En milieu infecté, elle consiste en la suppression des sources de virus (abattage des animaux atteints, contaminés ou exposés, désinfection) et en la limitation des déplacements des supports de virus (interdiction des déplacements des animaux, désinfection des véhicules de transport...).

On dispose à l'heure actuelle d'excellents vaccins contre la fièvre aphteuse. Il s'agit de vaccins à virus inactivé, adjuvé, entraînant une immunité en 10 à 15 jours. Toutefois, deux difficultés, pratiquement insolubles, demeurent : la première est la nécessité d'adapter la composition du vaccin à la nature des souches circulant dans le pays.

La seconde est liée au fait que si un vaccin protège très bien les animaux vaccinés vis-à-vis de l'épreuve par une souche homologue (les animaux ne sont pas malades), il n'empêche pas l'infection, c'est-à-dire la multiplication du virus chez l'animal vacciné, voire le portage. Par suite, un animal vacciné, rencontrant le virus sauvage, peut devenir porteur sain de ce virus.

C'est la raison pour laquelle les pays indemnes de fièvre aphteuse demeurent, à juste titre, prudents vis-à-vis des pays déclarés indemnes de cette maladie mais continuant à vacciner contre elle et refusent d'en importer les animaux sensibles et les produits dérivés non traités.

Les méthodes choisies par les pays pour lutter contre la fièvre aphteuse dépendent à la fois de leur situation épidémiologique et de leur organisation sanitaire.

Les pays indemnes appliquent des mesures d'interdiction d'importation et, en cas d'apparition d'un foyer, ont recours aux seules mesures sanitaires.

Certains pays indemnes peuvent, en cas d'apparition de foyers, recourir à la vaccination (en anneau autour des foyers ou généralisée) avec ou sans abattage (dans les foyers, éventuellement, ensuite, des animaux vaccinés).

Les pays où la maladie est enzootique appliquent la vaccination, parfois sans abattage dans les foyers.

Un même pays peut faire évoluer sa politique de lutte au cours du temps en fonction de différents facteurs (ce fut le cas de la France). Le choix d'une politique de lutte et de son évolution est difficile. Il doit reposer sur des analyses coût/bénéfice des différents scénarios, tant préventifs que « curatifs » en cas d'apparition de foyer(s).

Un concept nouveau s'est développé au cours de ces dernières années : il s'agit de l'abattage « préventif » (c'est-à-dire autour des foyers) qui vient compléter l'arsenal de l'abattage classique des animaux sensibles dans les foyers.

La fixation de l'étendue de cet abattage préventif est difficile et soulève des problèmes délicats pour le décideur, comme lors de l'épizootie de 2001 en Europe, pour éviter que la maladie, apparue en Grande-Bretagne, s'étende aux pays voisins.

Compte tenu du grand nombre de régions infectées de fièvre aphteuse dans le monde et de la mondialisation des échanges, le risque de réintroduction de la maladie en Europe demeurera permanent (voire croissant). On peut penser que la politique sanitaire européenne sera maintenue dans ce domaine, après réévaluation par des études coût/bénéfice. Cela impliquerait la poursuite de mesures à l'importation et la disponibilité d'un excellent réseau d'épidémiosurveillance ainsi qu'une réaction immédiate en cas d'apparition de foyers, avec application de mesures adaptées aux caractéristiques épidémiologiques de la maladie.[...]