MAYARO FIÈVRE ET VIRUS
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Un alphavirus très adaptable
Comme tous les alphavirus de la famille des Togaviridae, le virus Mayaro possède un matériel génétique constitué d’un ARN simple brin, qui code pour un petit nombre de protéines virales quatre enzymes spécifiques du virus et les protéines de la capside virale. Il ne se distingue guère en cela d’autres alphavirus comme le chikungunya et le virus de la forêt de Semliki dont il est très proche. Plusieurs souches de MAYV – dont le virus Urubamba – sont connues. Du point de vue de l’évolution, la comparaison des matériels génétiques de ces différents virus suggère que le virus Mayaro se serait séparé des virus apparentés il y a environ cent cinquante ans.
Ce virus se maintient chez des hôtes du domaine forestier tropical humide, de Trinidad aux zones tropicales de Bolivie. Il est d’ailleurs possible que la Bolivie amazonienne soit son origine de diffusion vers l’Amazonie. Ses hôtes, qualifiés de « réservoirs », sont très divers : des oiseaux, comme les colombes Columbigallina sp. et l’oriole Icterusspurius ; des rongeurs des genresOryzomys,Proechimys et les rats d’eau Nectomys sp. ; et, enfin, des primates tels le ouistitiCallithrixargentata et les singes hurleurs. Il est transmis d’animal à animal et à l’homme par la piqûre d’un insecte hématophage, qui s’est infecté lors d’un repas de sang sur un hôte porteur du virus.
Au Brésil, le vecteur dominant de la transmission à l’homme est le moustiqueHaemagogusjanthinomys. Toutefois, la diversité des insectes vecteurs du virus Mayaro est inhabituelle et comprend plusieurs autres genres de moustiques : Mansonia, Culex et Aedes notamment. Si la charge virale transmise par la plupart d’entre eux peut être insuffisante pour provoquer la maladie chez l’homme, cette diversité traduit une capacité élevée d’adaptation du virus à ses hôtes. Le corollaire de cette faculté d’adaptation est que l’on doit s’attendre à ce que le virus envahisse progressivement un domaine géographique de plus en plus étendu, en s’adaptant à de nouveaux hôtes ou vecteurs et en changeant d’écosystèmes. En 2017, le virus circule surtout entre des moustiques de la canopée, des primates non humains et des oiseaux. Ce cycle sylvatique explique la prévalence de l’infection chez les personnes travaillant en forêt ainsi que chez les touristes. L’homme n’est en fait qu’un hôte occasionnel, du moins pour l’instant.
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
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MALADIES INFECTIEUSES ÉMERGENTES
- Écrit par Gabriel GACHELIN
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...manière suffisante pour être transmissible en d’autres lieux. On retrouve ces jeux de contraintes chez le virus de la langue bleue, les virus amazoniens ( Mayaro, Oropouche), ou encore dans la lente progression hors d’Amérique du Sud, du trypanosome à l’origine de la maladie de Chagas. A contrario, c’est...