E.T. L'EXTRA-TERRESTRE, film de S. Spielberg
Le pouvoir de la volonté et la force des fictions
Un autre thème récurrent chez Spielberg – comme dans le Hollywood de l'âge d'or – est celui du will power, le pouvoir de la volonté. Si l'on croit suffisamment fort aux choses, elles finissent par exister. Les morts, même, peuvent revivre – une piste que Spielberg explorera plus avant dans son troisième film consacré à la visite des extra-terrestres sur terre, A.I. Intelligence artificielle (Artificial Intelligence : A.I., 2001). Ici, E.T. ressuscite après que la petite sœur d'Elliott et sa mère ont « fait un vœu pour qu'il revienne », et qu'Elliott a juré sur le lit de mort de la créature « je croirai en toi toute ma vie, tous les jours »... Comme dans Intelligence artificielle, où le héros s'accroche à l'idée que tout s'arrangera grâce la fée bleue de Pinocchio, E.T. fait l'apologie de la croyance en la fiction, et nous dépeint l'utilité même de prendre les histoires pour argent comptant. C'est donc grâce à la bande dessinée Buck Rogers qu'E.T. a l'idée de construire une balise de S.O.S., grâce à Halloween qu'il peut sortir sans se faire remarquer, et grâce au cinéma qu'il fait l'apprentissage de la vie sur terre – les figurines de la Guerre des étoiles que lui montre Elliott (Star Wars, George Lucas, 1977), un extrait des Survivants de l'infini qui passe à la télévision (The Island Earth, Joseph M. Newman, 1955)... La mère lit à sa fille Peter Pan (que Spielberg adaptera dans Hook en 1991), et du père on se rappelle surtout « les films qu'il nous emmenait voir »... Dans une séquence virtuose, tout en montage parallèle et raccords-mouvements, Elliott rejoue même le final de L'Homme tranquille (The Quiet Man, John Ford, 1952).
En 2002 est sortie une édition spéciale du film, retouchée numériquement. Les policiers qui poursuivent les enfants ont vu leurs pistolets remplacés par des lampes-torches – le film y a perdu un petit côté contestataire typique de l'esprit du « Nouvel Hollywood », quoique le t-shirt « Non au nucléaire » du grand frère d'Elliott ait été préservé... Surtout, dans certains plans, E.T. n'est plus désormais une marionnette animée par Carlo Rambaldi mais une image de synthèse. S'il y a gagné en souplesse, certains fans de la première heure se sont récriés qu'une telle perfection plastique n'était pas utile pour « y croire »...
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Écrit par
- Laurent JULLIER : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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