FILONS
Corps mis en place ou apparu dans une cassure ou fissure des roches, le filon est morphologiquement assimilable en général à une plaque ou lame à faces parallèles, et son contenu, dit caisse filonienne, n'a pas la même composition que les roches environnantes, dites encaissantes.
Un filon est défini et caractérisé par son allure générale, son plan sagittal, sa direction ou orientation, sa longueur, sa largeur ou puissance, son pendage, la nature de sa caisse et celle de ses épontes, ces dernières étant les parties de l'encaissant directement au contact du filon.
On connaît des filons simples, des filons se relayant l'un l'autre, des trains filoniens (composés d'un filon maître, ou principal, de ses satellites de même direction que lui et d'échappées de directions différentes), etc. Le tracé d'un filon peut être rectiligne ou apparaître au contraire comme constitué par des segments diversement orientés lui donnant une allure générale en ligne brisée, chaque changement d'orientation pouvant alors soit correspondre à une réfraction du filon là où celui-ci passe d'une formation lithologique ou pétrographique à une autre, différente, soit souligner un point de faiblesse tectonique préexistant (intersection avec faille antérieure, joints de cisaillement, « nœud » tectonique...). Le plan sagittal est celui qui contient le filon. La longueur est la distance selon laquelle le filon a été suivi ou reconnu, tant en surface (sur le terrain, sur photographies aériennes) qu'en profondeur (dans les travaux miniers, à la faveur de sondages mécaniques ou géophysiques) : dans la sierra Nevada (États-Unis), un filon aurifère est ainsi connu, avec des interruptions certes, sur 112 kilomètres de longueur. Entre la caisse filonienne et ses épontes, il existe généralement une passée argileuse : la salbande, due au caractère tectonique (broyage) de la fracture originelle, avec fréquents glissements.
Quant à la caisse elle-même, elle correspond soit au remplissage d'une fracture (faille, diaclase) ouverte, soit au remplacement (substitution) de la roche préexistante. Dans le premier cas, d'une part le remplissage a pu s'effectuer en une ou plusieurs phases (filons à deux, trois... venues minéralisatrices), d'autre part le filon présente un certain rejet dont il n'est pas rare de voir varier l'importance d'un bout à l'autre. Très souvent d'ailleurs, le calcul d'un tel rejet (nécessaire à l'exploitant) est encore rendu plus compliqué non seulement par l'interférence des rejets d'autres failles, aussi bien antérieures que postérieures à la minéralisation, mais également par celle des rejets ultérieurs éventuels du filon lui-même.
Enfin, on appelle « accompagnateurs » tous les accidents (failles et filons) que l'on trouve au contact et/ou au voisinage immédiat du filon considéré, qu'ils appartiennent au même « train » que celui-ci ou à des familles différentes : filons croisés (déplacés par le filon), filons croiseurs (déplaçant ledit filon), etc.
Les filons se groupent en systèmes : parallèles (dont les éléments ont la même direction et des caractères identiques) ; conjugués (dont les éléments appartiennent à deux familles de fractures produites simultanément et aux caractères propres) ; radiés ou rayonnants ; en éventail ; en anneau (particuliers aux gîtes subvolcaniques), etc.
Les intersections d'accidents antérieurs (failles antéminérales) par les filons de tels systèmes donnent lieu à des enrichissements notables sous la forme de colonnes minéralisées (ore-shoots). Inversement, dans d'autres contextes, de telles intersections sont stériles.
Dans certains systèmes parallèles (districts de Pribram, Banska Stiavnica, en Tchécoslovaquie), une indiscutable équidistance règle étroitement les rapports géométriques[...]
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Écrit par
- Guy TAMAIN : docteur ès sciences, chargé de recherche au C.N.R.S.
Classification
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