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FINALITÉ

Les moments d'une action finaliste

Orientation vers un but valorisant

Mais laissons les théories pour décrire, telle qu'elle se donne intuitivement, une action finaliste complète.

L'action finaliste suppose un effort persistant. Elle peut avoir commencé sur un stimulus, mais elle persiste après que le stimulus a cessé. Cet effort est laborieux, inquiet d'un échec possible. L'agent sait, contre toutes les théories, qu'il ne peut se borner à fonctionner, et qu'il doit s'efforcer.

Cet effort n'est pas toujours orienté vers un but conscient, mais il est toujours orienté vers l'avant, vers un objectif à réaliser qui est plus ou moins défini. Il peut être aussi poussé par un besoin, un malaise, qu'il cherche à réduire par tâtonnements. Mais ce besoin n'est jamais une simple pulsion : il pressent un satisfacteur. Un besoin fort, à la limite, paraît agir comme une cause a tergo. Mais, alors, il est perturbateur et produit des courts-circuits. La causalité du besoin (drive reduction), loin d'expliquer la finalité, produit des effets de morcellements, d'ailleurs souvent normalisés. L'instinct s'en accommode. La satisfaction de la libido, relativement à la finalité de la reproduction, en est l'exemple le plus connu : elle semble un vol, opéré sur le circuit complet – et le but conscient de l'individu est souvent inverse du but, réputé inconscient, de l'espèce.

Dans la névrose, dans les états morbides, le but est à la fois inconscient et « volé ». Et le clinicien essaie de deviner ce qui oriente les efforts du malade à l'insu de ce dernier, et d'atteindre le latent sous le manifeste.

Le but, conscient ou non, a, par définition, une valeur et une valeur positive. Plus exactement, les buts sont enveloppés par une valeur ; ils sont des étapes, des œuvres intermédiaires, dans un ordre valable général. Cette valeur n'est pas nécessairement utilitaire ; elle peut être esthétique, théorétique, ludique, généreuse, sacrificielle ; elle peut être expression pure de vie ou de puissance. Il n'y a pas de finalité sans fin, non plus que d'acte gratuit. On baptise ainsi ce qui ne présente pas un sens ou une valeur attendue ou classique. Il en est de même pour la volonté du mal, ou pour toutes les conduites de renversement des valeurs.

Le journal « bête et méchant » se veut spirituel, l'humilié volontaire est un orgueilleux, l'anarchiste rêve d'une société idéale, le masochiste cherche un plaisir ou une satisfaction complexe (mais non négative). Les animaux et les organismes paraissent avoir, sinon les mêmes buts que les hommes, du moins des valeurs enveloppantes analogues. Dans leurs formes comme dans leurs instincts, ils visent l'utilité, la beauté, la sécurité, la puissance, la connaissance (sensorielle). L'évolution biologique d'ensemble, si elle n'a pas de but précis, si elle est élan vital sans finalité assignée et toute faite, semble avoir également les mêmes « enveloppes » de valeurs.

Apparemment, il n'en est pas ainsi pour le monde physique dans son ensemble, contrairement aux croyances traditionnelles des finalistes : la beauté du cosmos ne semble exister que pour des organismes spectateurs, les hommes. Les étoiles ne cherchent rien d'utile ou de beau.

Moyens cognitifs et instrumentaux

L'effort finaliste porte sur des moyens choisis ou inventés. Ces moyens sont compris comme tels, vus comme conduisant au but, sur fond d'un champ d'itinéraires virtuels et de détours possibles. Ils sont substituables en cas d'échec de l'un d'eux, et substituables en bloc, par changement de tactique. Si la situation est troublée ou obscure, l'agent se résigne à la méthode hasardeuse d'essais et erreurs, mais toujours comme « moyens ».

L'agent est à la recherche d'informations[...]

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Écrit par

  • : professeur à la Faculté des lettres et sciences humaines de Nancy, correspondant de l'Institut

Classification

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