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FINANCE DE MARCHÉ Théorie des marchés financiers

Les phénomènes d'inefficience

Les bulles spéculatives

Les études empiriques ont mis en évidence des phénomènes d'inefficience. Souvent considéré comme l'un des plus spectaculaires, la bulle spéculative est une inefficience qui concerne tout un ensemble de titres dont les prix s'éloignent de plus en plus des valeurs fondamentales jusqu'à l'éclatement de la bulle, qui est une forme brutale de correction du marché. Les périodes de bulles spéculatives (comme la « bulle Internet » des années 1999-2000) nous montrent de façon évidente que, parfois, les marchés financiers ne sont pas efficients. La recherche en macroéconomie (voir l'article réalisé par Robert Shiller en 1978 pour une synthèse de ces travaux) et en finance (voir par exemple les travaux d'Olivier Blanchard en 1979, ceux d'Olivier Blanchard et Mark Watson en 1982, ou encore de Jean Tirole en 1982) a cependant montré que l'existence d'une bulle spéculative est, dans certains cas, compatible avec un comportement rationnel des investisseurs. Une bulle n'est donc pas toujours le résultat d'un optimisme irrationnel. Mais, quoi qu'il en soit, les prix perdent leur valeur informative, ce qui est le symptôme d'une inefficience.

Les autres formes d'inefficience

En dehors des bulles spéculatives, d'autres formes d'inefficience ont été décelées. Elles sont assez nombreuses, certaines ayant disparu depuis leur mise au jour, d'autres existant encore. À titre d'exemple, une étude réalisée par Richard Rendleman, Charles Jones et Henry Latané en 1982, portant sur la période 1971-1980, rapporte que les entreprises américaines dont les profits annoncés sont supérieurs aux profits anticipés ont des actions dont le prix monte tout de suite après la publication de leur rapport trimestriel, ce qui est conforme à l'intégration de l'information dans les prix et à l'efficience. Mais ces prix continuent d'augmenter pendant une période d'au moins 90 jours après la publication des bénéfices, ce qui traduit un phénomène de sous-réaction. Ce résultat reste assez énigmatique puisque les investisseurs pourraient tirer profit de cette situation en achetant les titres juste après la publication des bénéfices afin de profiter de la hausse progressive qui s'ensuit. En effet, toute inefficience se traduit par une possibilité de profit « anormale » ou « exceptionnelle », c'est-à-dire qui fait plus que rémunérer le risque encouru. Sur un marché efficient, cette source de profit devrait attirer les investisseurs qui, en l'exploitant, la feraient disparaître immédiatement. Cependant, à toute intervention sur le marché sont associés des coûts de transaction. Si l'opportunité de profit qui se présente ne permet pas, au moins, de compenser ces coûts, alors celle-ci subsistera et l'inefficience perdurera.

Le paradoxe de Grossman-Stiglitz

On a l'habitude de dire que sur un marché efficient, les activités d'analyse technique ou d'analyse fondamentale ne servent à rien car elles ne permettent pas de dégager des profits exceptionnels. Toutefois, ce type d'activité s'avère nécessaire pour assurer l'efficience du marché, car ce sont elles qui permettent d'identifier d'éventuelles inefficiences et qui les font disparaître. On touche ici au fameux paradoxe mis en évidence par Sanford Grossman et Joseph Stiglitz dans un article de 1980. Heureusement pour l'efficience des marchés, certains praticiens de la finance font de leur activité principale le repérage d'inefficiences. Leur objectif consiste à isoler des erreurs de valorisation portant sur tel ou tel titre (ou sur tel ou tel marché) pour en tirer des rentabilités exceptionnelles. Par exemple, il peut être intéressant d'acheter une action sous-évaluée par le marché financier (dont le cours boursier[...]

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Écrit par

  • : professeur en sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu

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Eugène Fama - crédits : D.R.

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