FINANCE DE MARCHÉ Théorie des marchés financiers
La valorisation d'actifs dans les modèles d'équilibre général
La valorisation des actifs (calcul des valeurs fondamentales) est au cœur de la finance de marché. Les modèles de valorisation d'actifs consistent à mettre en équations le comportement des investisseurs et à en tirer des résultats non seulement en matière de valorisation, mais aussi en matière de gestion de portefeuille. Nous présenterons ici les modèles d'équilibre général. Dans un modèle d'équilibre général, les marchés sont en équilibre lorsque, sur le marché de chaque titre, le prix est tel que l'offre est égale à la demande. À l'équilibre, étant donné les prix, il existe une stratégie optimale pour chaque investisseur qui s'exprime sous la forme de souhaits en matière d'offre et de demande de titres. Les prix d'équilibre sont tels que tous ces souhaits sont satisfaits, c'est-à-dire que toute offre ou toute demande de titres trouve une contrepartie. Ces prix d'équilibre correspondent aux valeurs fondamentales.
Ces modèles peuvent être répartis en deux sous-catégories : les modèles statiques où l'horizon d'investissement des agents se limite à une seule période de temps, et les modèles dynamiques, plus élaborés, qui considèrent la possibilité d'investir sur plusieurs périodes. Parmi les modèles statiques, le plus simple tant dans sa formulation que dans ces résultats et aussi le plus célèbre est le modèle CAPM (capital asset pricing model) ou MEDAF en français (modèle d'évaluation des actifs financiers).
Le CAPM
Très utilisé par les financiers, le modèle CAPM a été introduit par William Sharpe en 1964 et John Lintner en 1965 sur la base d'un article antérieur de Harry Markowitz paru en 1952 et portant sur la diversification du risque et le choix de portefeuille. Ce modèle qui permet de valoriser n'importe quel actif est surtout utilisé pour la valorisation des actions.
Les hypothèses à la base du CAPM sont nombreuses. Tout d'abord, il s'agit d'un modèle à une seule période. Tous les agents investissent sur le marché financier une seule fois en début de période. Chaque actif risqué offre une rentabilité qui est aléatoire. Les investisseurs formulent des anticipations sur ce que sera, en moyenne, la rentabilité offerte par chaque titre. En termes mathématiques, les rentabilités sont des variables aléatoires et les anticipations des investisseurs sont des espérances de rentabilité. Elles sont formulées sur la base de l'information détenue en début de période. Cette information fait l'objet d'une hypothèse extrêmement importante dans ce modèle. On suppose, en effet, que tous les investisseurs disposent de la même information. Autrement dit, on ignore la possibilité que certains investisseurs puissent être mieux informés que d'autres. Par conséquent, les investisseurs font tous les mêmes anticipations. Enfin, on suppose que les investisseurs ont des préférences « moyenne-variance », c'est-à-dire que leur satisfaction augmente avec l'espérance de rentabilité de leur portefeuille et diminue avec la variance de la rentabilité de leur portefeuille supposée mesurer le risque pris par l'investisseur. Ce dernier point est une formulation particulière d'une idée généralement bien admise en économie selon laquelle les individus n'aiment pas le risque. On dit qu'ils ont de l'aversion au risque.
Le portefeuille de marché et la prime de risque
En dépit de ses nombreuses hypothèses, le CAPM fournit des résultats percutants très connus en théorie financière. Le plus fondamental est sans doute celui de l'efficience (au sens « moyenne-variance ») du portefeuille de marché. Le portefeuille de marché représente l'offre de titres risqués sur le marché. C'est le portefeuille qui contient tous les actifs risqués disponibles.[...]
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Écrit par
- Emmanuelle GABILLON : professeur en sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu
Classification
Média
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