Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FINANCE DE MARCHÉ Théorie des marchés financiers

La valorisation d'actifs dans les modèles d'arbitrage

Les modèles d'arbitrage

Comparés aux modèles d'équilibre général tels que le CAPM ou le CCAPM, les modèles d'arbitrage sont des modèles qui reposent sur une seule propriété de l'équilibre général (l'APT cité plus haut en fait partie). Il s'agit de la propriété d'absence d'opportunité d'arbitrage (AOA) qui est forcément satisfaite sur tout marché en équilibre. Ce concept d'équilibre partiel, très spécifique à la finance, revient à considérer que si les prix des actifs sont des prix d'équilibre, il n'existe pas de « repas gratuit » (ou free lunch) pour reprendre la fameuse expression du Prix Nobel d'économie Milton Friedman. Autrement dit, il ne doit pas être possible de mettre en œuvre une stratégie financière qui, tout en n'impliquant aucun investissement initial de la part de l'investisseur, ne fait courir aucun risque de perdre de l'argent et assure l'opportunité de gagner de l'argent avec une probabilité non nulle.

À supposer qu'une telle possibilité existe, elle ne peut pas durer sur un marché où interviennent des investisseurs rationnels car tous les investisseurs, en essayant massivement de l'exploiter, vont instantanément la faire disparaître. En effet, sous l'action des investisseurs, les prix vont se modifier et l'opportunité d'arbitrage va s'éteindre. Les prix sont donc des prix d'équilibre uniquement s'il y a absence d'opportunité d'arbitrage (AOA) sur le marché.

L'AOA a plusieurs conséquences se traduisant par des liens entre les prix ou les rentabilités des actifs sur un marché en équilibre. L'une d'entre elles est que deux actifs procurant exactement les mêmes revenus futurs ont forcément le même prix.

Pour donner l'intuition la plus simple possible de ce résultat, considérons un modèle statique à deux dates : la date 0 qui représente le présent et la date 1 qui représente le futur. Considérons aussi deux actifs A et B procurant le même revenu futur non risqué à la date 1 (ce revenu représente aussi la valeur finale de chacun des deux actifs à la date 1). Si, à la date 0, ces deux actifs n'ont pas le même prix, il existe alors une opportunité d'arbitrage que les investisseurs vont immédiatement chercher à exploiter. En effet, supposons par exemple que le prix PA de l'actif A soit plus élevé que le prix PB de l'actif B. Il suffit alors de « vendre à découvert » l'actif A (on emprunte cet actif pour le vendre) et d'acheter l'actif B pour réaliser un gain immédiat égal à PA— PB. À la date 1, le revenu procuré par l'actif B qui a été acheté servira à acquérir l'actif A qui a été emprunté pour pouvoir le restituer. À la date 1, ces deux actifs ayant la même valeur, cette opération est blanche puisqu'elle s'autofinance. Sans mise de fonds initiale, on peut donc gagner de l'argent à la date 0. Tous les investisseurs vont donc chercher à exploiter cette opportunité en essayant de vendre à découvert le titre A et en essayant d'acheter le titre B. Cette stratégie ne trouvant pas de contrepartie (aucun investisseur rationnel ne souhaite acheter le titre A et vendre le titre B), le prix du titre A va baisser et le prix du titre B va monter jusqu'à la disparition de l'opportunité d'arbitrage au moment où les deux prix s'égaliseront.

L'AOA est forcément vérifiée dans le cadre d'un équilibre général. En effet, si étant donné un système de prix, il existait une opportunité d'arbitrage, tous les investisseurs chercheraient à l'exploiter à l'infini sans trouver de contrepartie (de position opposée), ce qui aurait pour effet immédiat de modifier le système de prix (qui n'était donc pas un système de prix d'équilibre).[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur en sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu

Classification

Média

Eugène Fama - crédits : D.R.

Eugène Fama

Autres références

  • ACTIONNAIRES

    • Écrit par
    • 8 189 mots
    • 2 médias
    La Bourse apporte, en principe, une réponse à cette question. Elle est en effet un marché secondaire (c'est-à-dire de titres déjà en circulation dans le public) des valeurs mobilières, ouvert à tous et soumis à des règles de fonctionnement qui visent à en assurer l'équité et la transparence....
  • AGENCES DE NOTATION

    • Écrit par
    • 3 415 mots

    Les agences de notation financière, également appelées agences de rating ou agences de notation de crédit, ont pour rôle de fournir aux marchés financiers une information indépendante sur la capacité des emprunteurs à rembourser leur dette, à ne pas faire défaut. Si le marché du renseignement...

  • ANTICIPATIONS, économie

    • Écrit par
    • 6 072 mots
    • 4 médias
    ...nombreux arguments font pencher en faveur de l'hypothèse opposée, et de la reconnaissance par la théorie économique de l'hétérogénéité des anticipations. Il semble par exemple contradictoire d'élaborer une théorie de la finance en conservant le postulat d'homogénéité des prévisions de taux d'intérêt. Si...
  • ARBITRAGE, finance

    • Écrit par
    • 1 274 mots
    Dans le domaine de lafinance, le terme arbitrage renvoie à une pratique qui ne laisse aucune place au jugement de valeur. Dans l'acception la plus large, arbitrer, en finance, signifie choisir parmi plusieurs stratégies similaires la plus avantageuse. Par extension, ce terme évoque la possibilité de...
  • Afficher les 92 références