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FINANCIAL INTERMEDIATION AND DELEGATED MONITORING, Douglas Diamond Fiche de lecture

À la fin des années 1970, une nouvelle théorie de l'intermédiation financière s'échafaude, au sein de laquelle la banque est présentée comme « une réponse naturelle à l'information asymétrique » (Leland et Pyle, 1976). Deux types d'asymétries d'information peuvent, en effet, faire obstacle au bon déroulement de négociations bilatérales de financement entre prêteurs et emprunteurs sur les marchés de capitaux. Les emprunteurs peuvent tout d'abord dissimuler l'information relative à la qualité des projets d'investissement qu'ils cherchent à financer. Un phénomène de sélection adverse, tel que les mauvais emprunteurs évincent les bons, risque de menacer la relation de financement, jusqu'à dissuader tout prêteur de confier ses fonds. Une production d'information est, par conséquent, nécessaire au signaling des emprunteurs ou à leur sélection par les prêteurs. Réalisée à grande échelle par un intermédiaire financier (en l'occurrence une banque) spécialisé dans l'achat et la vente d'actifs financiers, cette production d'information se révèle moins coûteuse que si chaque prêteur devait acquitter un coût de sélection ou chaque emprunteur un coût de signal. La banque trouve ainsi une raison d'exister associée aux services d'information qu'elle rend. L'article « Financial Intermediation and Delegated Monitoring » (« Intermédiation financière et contrôle délégué »), que Douglas Diamond publie dans la Review of Economic Studies en 1984, se situe dans cette perspective. Il est cependant consacré à l'autre problème d'asymétrie d'information qui peut se poser, une fois le prêt obtenu : au moment du remboursement, l'emprunteur peut décider de ne pas tenir son engagement. C'est un problème d'aléa moral, tout aussi nocif et coûteux à résoudre que le problème précédent de sélection adverse.

La banque en tant que « moniteur délégué »

Une procédure incitative doit être mise en place pour dissuader les emprunteurs de déroger à leur engagement vis-à-vis du prêteur. Deux solutions sont envisageables selon Diamond. Le contrat de prêt peut être assorti d'une « pénalité non pécuniaire » (lourdeur administrative de la procédure de faillite, perte de réputation, etc.) dont pâtirait l'emprunteur en cas de défaut. C'est le type de solution qui s'impose si les prêteurs ne peuvent pas vérifier la réalisation du projet entrepris par l'emprunteur, à quelque coût que ce soit. En revanche, s'il est possible d'engager efficacement des coûts de contrôle, une seconde solution est possible : déclencher automatiquement une procédure de contrôle en cas de défaillance de l'emprunteur. À la différence du cas précédent, ce sont alors les prêteurs qui supportent le coût de la résolution du problème d'aléa moral, d'autant plus lourd qu'ils seront plus nombreux. Dès lors, on peut faire intervenir un intermédiaire financier en tant que moniteur (contrôleur) délégué par l'ensemble des prêteurs. Cette délégation de la fonction de contrôle produit automatiquement une économie de coûts de contrôle : sur l'ensemble des n prêteurs, un seul désormais engage le coût de contrôle (le moniteur délégué). Mais cette délégation a son propre coût. Le problème d'aléa moral qui se pose initialement entre prêteurs et emprunteurs se trouve, en effet, reporté au niveau de la relation prêteurs-intermédiaire (moniteur délégué). Les n—1 prêteurs (déposants) doivent être convaincus de l'efficacité du contrôle exercé par l'intermédiaire. Cela implique à nouveau la mise en œuvre d'une procédure incitative, cette fois entre l'intermédiaire et les déposants. Ici, seule une pénalité non pécuniaire est envisageable, eu égard aux compétences limitées[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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