FINLANDE
Nom officiel | République de Finlande (FI) |
Chef de l'État | Alexander Stubb (depuis le 1er mars 2024) |
Chef du gouvernement | Petteri Orpo (depuis le 20 juin 2023) |
Capitale | Helsinki |
Langues officielles | Aucune 1
|
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
5 625 000 (2024) |
Superficie |
338 485 km²
|
Article modifié le
En quête d'une littérature nationale
La patiente conquête d'une indépendance, menacée vivement à l'ouest, puis à l'est, explique un romantisme nationaliste, jamais renié, que justifient en outre la conscience d'un passé riche de traditions épiques, l'appartenance à une nation dont l'antiquité soulève maintes passionnantes énigmes, et le sentiment d'avoir vécu – de continuer à vivre – une histoire exemplaire à plus d'un titre. Parallèlement, malgré l'ouverture aux souffles venus de l'étranger, malgré les efforts vers un réalisme fruste chez les uns, somptueux chez d'autres, raffiné pour certains encore, malgré le plaisir de faire chanter une langue d'une rare musicalité, revient toujours le romantisme éternel de cœurs torturés par d'indicibles angoisses, trop compromis avec la terre mère et l'histoire pour être capables de discerner les envoûtements de la vie des fascinations de la mort.
La nuit épique
Le Moyen Âge finlandais a prodigieusement chanté. En octosyllabes formés de quatre trochées obligatoirement liés par le jeu des allitérations et la loi du binaire (toutes les idées sont répétées de deux façons différentes), ce qui ne va pas sans obscurités, artifices ni lourdeurs, les runo, c'est-à-dire les chanteurs (le mot ne signifiera chant que beaucoup plus tard), accompagnés de cette sorte de cithare que l'on appelle kantele, déclamaient seuls sur fond de chœur, ou encore assis à deux, face à face, mains dans les mains et se balançant d'avant en arrière – attitude magique que l'on retrouve dans certaines visur islandaises rapportées au xiiie siècle. Les aventures fantastiques du dieu Vaïnämöinen et du panthéon finnois, la geste de Lemmikäinen ou celle de Kullervo, la fête de l'ours, et quantité d'autres poèmes, contes, proverbes, énigmes, incantations ; mythe ou histoire : tout a été matière à chant. Fables, contes, légendes y ont subi un grossissement épique animé d'un dynamisme étrange, sorte de mouvement perpétuel qui fait avancer le poème dans l'envoûtement très particulier que procure la geste atemporelle des débuts de l'histoire. Tous les tons s'y rencontrent cependant, et la moindre des originalités de ce qu'Elias Lönnrot (1802-1884) appellera Kalevala n'est pas cette collection, unique au Moyen Âge, de chants de travail, de chasse, de jeu, de fêtes, voire de berceuses, qu'il a rassemblée et qui ne ressemble à rien de connu ailleurs. Magique ou didactique, lyrique ou narrative, la poésie populaire finlandaise déroule ses inévitables octosyllabes comme une immense tapisserie monotone. Le jour où le christianisme conquerra ces terres lointaines, le même mètre régira inlassablement une production devenue plus conforme à nos habitudes et à notre inspiration.
On peut supposer qu'à partir du passage sous la tutelle suédoise (1155), bien que le finnois ait été relégué au rang de langage populaire et que toute la littérature officielle ait été rédigée en suédois ou en latin, la même inspiration a maintenu vivace le sentiment d'appartenance indéfectible à une communauté antique. Au demeurant, la période catholique suédoise (jusqu'en 1540) ne compte pas d'œuvre marquante, mais, avec la Réforme, un retour, d'abord timide, au vernaculaire redevient possible ; l'Abécédaire de Michel Agricola (vers 1540) est le premier ouvrage imprimé en finnois, suivi du Livre de prières (1544) et d'une traduction complète du Nouveau Testament (1548).
Pendant les xvie et xviie siècles, nulle production remarquable, en dehors de quelques coutumiers traduits du suédois, et d'ouvrages théologiques sans originalité.
La fondation de l'académie d'Åbo, en 1640, par le gouverneur suédois fennophile Per Brahe, où l'enseignement se donne en latin[...]
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Écrit par
- Régis BOYER : professeur émérite (langues, littératures et civilisation scandinaves) à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Maurice CARREZ : ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et de l'Institut national des langues et civilisations orientales, professeur d'histoire contemporaine à l'institut des hautes études européennes de l'université de Strasbourg
- Lucien MUSSET : maître de conférences à l'université de Caen
- Yvette VEYRET-MEKDJIAN : professeur de géographie à l'université de Paris-VII, directeur du Centre interdisciplinaire de recherches sur l'Europe du Nord
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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