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CHALIAPINE FIODOR (1873-1938)

Vers une dimension moderne

Fiodor Chaliapine, par A. Y. Golovine, 1912 - crédits : AKG-images

Fiodor Chaliapine, par A. Y. Golovine, 1912

Chaliapine va alors se révéler. Méphisto du Faust de Gounod, Ivan Soussanine d'Une vie pour le tsar de Glinka, Dossiféï de La Khovanchtchina de Moussorgski, Ivan le Terrible de La Pskovitaine et le Viking de Sadko de Rimski-Korsakov, Holopherne de Judith d'Alexander Nikolaïevitch Serov, il impose ses personnages autant par sa voix de basse et son autorité scénique que par le soin scrupuleux qu'il accorde à la préparation de chaque rôle. Se liant d'amitié avec Rimski-Korsakov – il participe, en décembre 1898, dans le rôle de Salieri, à la création de Mozart et Salieri –, puis avec Rachmaninov (qui lui enseigne les rudiments de la science musicale), Chaliapine, qui appartiendra au Bolchoï de 1899 à 1914, progresse à pas de géant et devient bientôt une vedette connue dans toute la Russie – et hors de Russie dès 1901, quand il est invité à la Scala pour chanter le rôle-titre du Mefistofele de Boito sous la direction de Toscanini, avec Caruso dans le rôle de Faust. En 1904, il obtient un triomphe dans la reprise du Boris Godounov de Moussorgski, qu'il fait ainsi renaître après des années d'oubli. Il sera désormais lié à ce rôle, qu'il sera appelé à interpréter dans le monde entier, de Paris à New York et de Milan à Londres ou Monte-Carlo, un théâtre qu'il affectionne tout particulièrement et où il reviendra chaque année à partir de 1905, y créant même, en 1910, le Don Quichotte de Massenet.

En 1917, Chaliapine éprouve d'abord une certaine sympathie pour la révolution bolchevique, mais, très vite, il déchante et, en 1922, quitte définitivement la Russie sous prétexte d'aller réunir des fonds pour soutenir la lutte contre la famine. Sa carrière internationale continue de le mener sur toutes les scènes du monde. Son formidable charisme donne aux personnages qu'il incarne – Boris, Méphisto, Don Quichotte, Philippe II de Don Carlo de Verdi, Don Basilio du Barbier de Séville de Rossini... – une dimension exceptionnelle, car tout est gigantesque en lui : sa taille, sa voix, le caractère épique de son réalisme scénique, ses élans de bonté et de férocité. Il meurt à Paris le 12 avril 1938, quelques mois après avoir chanté son dernier Boris à Monte-Carlo.

Chaliapine a rédigé deux ouvrages biographiques : le premier, publié en russe à Leningrad en 1926, a été immédiatement traduit en français (Pages de ma vie, Plon, Paris, 1927) et en anglais (Pages from my Life, Harper, Londres, 1927) ; le second, également en russe, a été publié à Paris en 1932 (Ma Vie, Albin Michel, rééd. Slatkine, Genève, 1982) et traduit en anglais à partir du texte français (Man and Mask : Forty Years in the Life of a Singer, Victor Gollancz, Londres, 1932, nouvelle édition 1973). On retrouve de larges extraits de ces ouvrages dans Chaliapin : an Autobiography as Told to Maxim Gorky (Macdonald, Londres, 1968, rééd. Columbus, Londres, 1988).

— Alain DUAULT

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Écrit par

  • : licence de lettres et sciences humaines, maîtrise de lettres modernes, concepteur et présentateur des émissions musicales classiques de France-3 et R.T.L.

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Médias

Chaliapine - crédits : Evening Standard/ Hulton Archive/ Getty Images

Chaliapine

Fiodor Chaliapine, par A. Y. Golovine, 1912 - crédits : AKG-images

Fiodor Chaliapine, par A. Y. Golovine, 1912

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