DOSTOÏEVSKI FIODOR MIKHAÏLOVITCH (1821-1881)
Dostoïevski ne fut pas, comme Tolstoï, un seigneur dans son domaine. Citadin sans fortune, écrivain vivant de sa plume, il créa dans l'angoisse et la maladie, avec une énergie surhumaine. Il ne connut la gloire que dans sa dernière année, mais la postérité l'a placé, au-dessus peut-être de Tolstoï, au rang des plus grands génies de la littérature universelle. Il a exprimé avec acuité l'inquiétude métaphysique en même temps qu'une foi ardente dans le Christ et dans le peuple russe. Il a ainsi renouvelé le roman et créé un mouvement de pensée qui, dans le monde, n'est pas près de s'éteindre.
Chronologie sommaire
Né le 30 octobre 1821 (ou le 11 novembre, dans le calendrier grégorien) à Moscou, Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski vécut surtout à Saint-Pétersbourg, où il mourut. Il ne reçut pas de formation universitaire, mais acquit très tôt par ses lectures une bonne connaissance des littératures russe et étrangères, et se sentit une vocation d'écrivain. Il avait gardé de son éducation familiale un amour ardent du Christ, qui le porta à s'intéresser aux humbles et aux idées de réforme sociale. La part qu'il prit aux réunions du cercle fouriériste de Pétrachevski lui valut près de dix ans de mise au ban de la société, quatre au bagne d'Omsk et presque six de service militaire en Asie centrale, où il fit un mariage sans joie.
De retour à Saint-Pétersbourg, il recommença en 1860 une carrière littéraire qu'il poursuivit jusqu'à ses derniers jours, en dépit de ses crises d'épilepsie et d'un perpétuel inconfort moral et matériel.
Après la mort de Maria Dmitrievna (1864), il avait épousé Anna Grigorievna Snitkina qui le rendit père de famille et lui fut en tout une aide inestimable. Le grand événement de leur vie, décisif pour la pensée politique et religieuse de Dostoïevski, fut un séjour en Occident de 1867 à 1871.
La vie active de Dostoïevski peut se diviser en trois périodes. Dans la première, jusqu'à vingt-sept ans, il se forme et s'essaie. Dans la deuxième, il réfléchit et écrit Souvenirs dela maison des morts (Zapiskiizmertvogodoma, 1862), Carnets dusous-sol (Zapiskiizpodpolja, 1864) et Crime et châtiment (Prestuplenie i Nakazanie, 1866). Enfin, entre quarante-sept et cinquante-neuf ans, il donne L'Idiot (Idiot, 1868-1869), Les Démons (Besy, 1872), L'Adolescent (Podrostok, 1875), Les Frères Karamazov (Brat'jaKaramazovy, 1879-1880), et le Journal d'un écrivain (Dnevnikpisatelja ; 1873, 1876-1877, août 1880 et janv. 1881).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre PASCAL : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur honoraire de russe à l'université de Paris-Sorbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Média
Autres références
-
LES FRÈRES KARAMAZOV, Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski - Fiche de lecture
- Écrit par Jacques CATTEAU
- 1 945 mots
- 1 média
Dernier grand roman de F. M. Dostoïevski (1821-1881) Les Frères Karamazov paraissent en revue de 1879 à 1880 dans Le Messager russe. À mesure des livraisons, le succès va grandissant, renforcé par les lectures qu'en donne l'écrivain aux soirées littéraires du moins dans le public car la presse...
-
I DEMONI (mise en scène P. Stein)
- Écrit par Jean-Louis BESSON
- 1 099 mots
Peter Stein a tiré des Démons, le roman de Dostoïevski, un spectacle-fleuve de près de douze heures, joué en italien et rassemblant vingt-six comédiens. Créé en mai 2009 à San Pancrazio en Ombrie, le spectacle a été représenté à Paris du 18 au 26 novembre 2010 au Théâtre national de l'Odéon (dans...
-
BAKHTINE MIKHAÏL MIKHAÏLOVITCH (1895-1975)
- Écrit par François POIRIÉ
- 1 060 mots
Né à Orel (Russie) dans une famille de vieille noblesse dont plusieurs membres illustrèrent l'histoire et la culture russes, Mikhaïl Bakhtine fait ses études secondaires au lycée d'Odessa. En 1913, il entre à la faculté d'histoire et de philologie de l'université de Novorossiisk (aujourd'hui université...
-
LES DÉMONS, Fiodor Dostoïevski - Fiche de lecture
- Écrit par Louis ALLAIN
- 1 334 mots
- 1 média
Les Démons, de Fiodor Dostoïevski (1821-1881), parurent dans Le Messager russe, une revue libérale de droite, entre janvier et novembre 1871 pour les deux premières parties et en novembre-décembre 1872 pour la troisième partie. Il s'agit du troisième roman-tragédie de l'écrivain après ...
-
L'IDIOTIE (J.-Y. Jouannais)
- Écrit par Hervé GAUVILLE
- 922 mots
N'est pas idiot qui veut. À partir d'articles publiés dans des revues artistiques (telles qu'art press, dont il fut le rédacteur en chef adjoint de 1991 à 1999), de conférences données dans diverses universités et de réflexions inédites, le critique d'art Jean-Yves Jouannais...
-
NIHILISME
- Écrit par Jean GRANIER
- 4 436 mots
- 2 médias
...monde. Tout dépend alors de l'attitude que l'on adopte en face de cette découverte. On peut s'abîmer dans une méditation morose sur la vanité de toute vie. Dostoïevski, dans les « Carnets » de Crime et châtiment, note : « Le nihilisme, c'est la bassesse de la pensée. Le nihiliste, c'est le laquais de... - Afficher les 9 références