FLANDRE
Flandre
L'Ancien Régime
Sous l'Ancien Régime, plusieurs principautés s'étendaient de part et d'autre de la frontière très ancienne entre domaine linguistique roman et domaine linguistique germanique ; cette frontière n'avait d'ailleurs jamais revêtu un caractère politique et n'avait joué aucun rôle dans la formation des principautés.
La séparation entre provinces du Nord (protestantes) et provinces du Sud (catholiques) avait entraîné une évolution différente de part et d'autre : alors qu'une langue de culture normalisée, le néerlandais, s'affirmait dans les Provinces-Unies, on était au contraire en présence de dialectes locaux hétérogènes dans la partie des Pays-Bas méridionaux située au nord de la frontière linguistique.
Il y eut au xviiie siècle, sous le régime autrichien, des efforts de normalisation du flamand (H. Des Roches, Nederduytsche Spraekkunst, Anvers, 1761), mais ils se heurtèrent, entre autres obstacles, à la tradition de l'emploi du latin comme langue savante et au prestige du français comme langue de culture.
« Au lieu de germaniser l'aristocratie et, à travers elle, la nation, la cour autrichienne de Bruxelles contribua puissamment au contraire à la franciser de plus en plus » (H. Pirenne). Le problème prit alors un caractère très net de différenciation sociale, le français devenant la langue de communication et de culture des couches supérieures de la population, les dialectes (flamands au nord, wallons au sud) restant les langues de communication des couches inférieures entre elles et avec les couches supérieures.
Le cas crucial était déjà celui de Bruxelles où le français progressait sensiblement tout en demeurant la langue d'une minorité (inférieure à 15 p. 100 selon les estimations de H. Hasquin, 1979). Le mouvement de francisation y entraîna une ségrégation entre le « haut de la ville » (où dominait le français) et le « bas de la ville » (où persistait l'usage dialectal et patoisant). En 1788, l'avocat J. B. C. Verlooy publia à Maastricht un ouvrage, Verhandeling op d'onacht der moederlijke taal in de Nederlanden, où il regrettait la désaffection de ses contemporains à l'égard de leur langue et attirait leur attention sur la francisation en cours à Bruxelles.
Ce dernier mouvement se poursuivit cependant et se généralisa à la faveur de la réunion de la future Belgique à la France du Directoire, du Consulat et de l'Empire.
Le royaume des Pays-Bas (1815-1830)
La création d'un royaume des Pays-Bas englobant les Provinces-Unies et les Pays-Bas méridionaux sous un monarque hollandais amena un renversement de tendance. Un décret de 1819 imposa le néerlandais, à partir de 1823, comme unique langue officielle dans les provinces de Flandre Occidentale, de Flandre Orientale, d'Anvers et de Limbourg, la mesure devant être ensuite étendue aux arrondissements de Louvain et de Bruxelles.
Cette politique linguistique (taalpolitiek), qui visait à homogénéiser progressivement le pays, suscita des oppositions, celle des classes supérieures et des fonctionnaires d'expression française, celle aussi du clergé catholique inquiet de voir la langue servir de véhicule à la religion calviniste. Des concessions faites en 1829-1830 n'empêchèrent pas le maintien des griefs en la matière et leur convergence avec les autres raisons qui amenèrent en 1830 la rupture avec les Pays-Bas du Nord et la proclamation de l'indépendance de la Belgique.
La Flandre dans la Belgique unitaire
La Constitution du nouvel État édicta, en son article 23, le principe de la liberté des langues : « L'emploi des langues usitées en Belgique est facultatif ; il ne peut être réglé que par la loi, et seulement pour les actes de l'autorité publique et pour les affaires judiciaires. » Dans les faits, l'État était francophone, comme l'était la bourgeoisie[...]
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Écrit par
- Xavier MABILLE : président-directeur général du Centre de recherche et d'information sociopolitiques, Bruxelles
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