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FLAVIN DAN (1933-1996)

Artiste américain appartenant au mouvement de l'art minimal, Dan Flavin a réalisé ses œuvres avec un matériau aussi inattendu que typiquement moderne : le tube fluorescent. En dépit d'un vocabulaire de base élémentaire et restreint (quatre longueurs de tubes de néons et neuf couleurs), l'artiste n'a cessé de réinventer et de diversifier son langage formel et chromatique.

Symétrique et systématique

La première œuvre obtenue dans ce matériau, un néon blanc posé en oblique sur un mur selon un angle de 45 degrés, date du 25 mai 1963 et s'intitule La Diagonale de l'extase personnelle. Le choix du tube fluorescent explique déjà en partie le projet de l'artiste : ce sont des objets que l'on trouve dans le commerce, de toutes tailles et presque toujours en longueur (certains sont exceptionnellement circulaires), leurs couleurs et leur intensité lumineuse sont déterminées par les fabricants. Flavin ne crée donc pas son œuvre mais opère un simple agencement d'éléments industriels dont il conserve les propriétés physiques. Le tube de néon lui-même conditionne les trois paramètres avec lesquels travaille l'artiste : la lumière, la couleur, la dimension, paramètres inséparables, puisque partie intégrante du néon. De ces contraintes et de ce matériau banal, Dan Flavin a su tirer une réflexion plastique portant tout à la fois sur la perception, sur les conditions de présentation d'un objet dans l'espace et sur le corps du spectateur. De la même manière que la lumière de chaque tube a une forme et une couleur précises qui en feront une œuvre unique, la vision qu'en a le spectateur est à chaque fois unique car modelée par la composition, elle aussi unique, de l'objet. La spécificité de l'objet et l'unicité de ses conditions de présentation dépendent ainsi nécessairement l'une de l'autre.

Dan Flavin est né en 1933 à New York ; il s'est décrit sans complaisance comme le fils d'« un agent négligent, plus ou moins viril, d'origine catholique irlandaise et d'une mégère aussi stupide que tyrannique », ajoutant que ses parents lui inculquèrent de force une éducation religieuse, au point de l'envoyer (ainsi que son frère jumeau) successivement à Saints Joachim et Anne Parochial School, au collège de l'Immaculée Conception et au petit séminaire de Brooklyn (1947-1952), souhaitant, mais en vain, qu'il devienne prêtre. Formé comme technicien météorologiste par l'armée américaine, il passe plusieurs années en Corée ; à son retour, il entreprend des études artistiques à la New School of Social Research de New York (1956), complétées par des études d'histoire de l'art à l'université Columbia (1957-1957). Au début des années 1960, il réalise des aquarelles et des dessins abstraits, ainsi que ses premières œuvres électriques : de petits monochromes carrés dont les angles et les contours sont bordés d’une ou de plusieurs ampoules allumées, ou bien des tubes fluorescents, et qu'il nomme des « icônes ». Étant donné son passé de séminariste, ce terme associé à la matière lumineuse prêtera souvent à confusion : les critiques ont cru discerner dans l'œuvre de Flavin une quête mystique, alors que celui-ci ne s'intéressait qu'à la factualité de l'objet. Il précisera d'ailleurs : « J'ai utilisé le mot « icône » pour décrire, non pas un objet strictement religieux, mais un objet fondé sur une relation hiérarchique établie entre des ampoules électriques et un support à surface frontale carrée couverte de peinture lumineuse, les ampoules étant placées au-dessus ou au-dessous du support ou directement sur ce support. » Dédié à Constantin Brancusi, la Diagonale de 1963, outre la référence formaliste à la segmentation de la Colonne sans fin de[...]

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Écrit par

  • : professeur en esthétique à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, critique d'art

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Autres références

  • DAN FLAVIN (exposition)

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