FLEUR
Valeur morphologique et phylogenèse
Classiquement définie comme un axe court portant des feuilles modifiées, la fleur est dans la plupart des esprits étroitement associée à la notion d'Angiosperme. Finalement, la paléontologie, la morphologie comparée et de nombreux cas tératologiques ont montré que la fleur se retrouve chez tous les végétaux vasculaires. Elle s'ébauche déjà chez les Cryptogames vasculaires paléozoïques, et la fleur des Angiospermes n'est que l'étape actuelle de la phylogenèse que cet organe a parcourue au cours des temps.
Ces découvertes ont rénové la morphologie florale, qui, de statique, est devenue dynamique. Elles ont montré que la fleur a la valeur morphologique d'un système d'axes foliarisés, très contracté, et dont certaines pièces se sont unies par concrescence. La condensation extrême des organes est favorable à la reproduction. Elle confère à l'ensemble une physionomie particulière, qui précisément fait la fleur. La fleur est donc une unité biologique, non morphologique.
Phylogenèse de la fleur
Les moyens phylogénétiques fondamentaux mis en œuvre par la nature sont simples, peu nombreux et remarquablement constants, mais ils offrent, dans les détails, d'infinies variations dont l'immense diversité des fleurs est l'expression.
On trouve toujours à l'origine un système d'axes dichotomiques plus ou moins touffu, qui a subi, au cours des temps, des foliarisations, des contractions (réductions), des condensations et des concrescences.
Le système dichotomique de base constitué d'articles appelés cauloïdes ou télomes se transforme par avortement d'un des côtés, puis les ramifications du sommet deviennent fertiles, et l'axe principal se redresse. Ce système jusqu'alors entièrement à l'état d'axes va subir une foliarisation affectant toutes les ramifications latérales qui deviennent des feuilles. Ultérieurement, se produit une réduction de l'axe et une simplification des feuilles, en même temps que les sporanges s'unissent par deux, par concrescence et réduction de la ramification conduisant à la formation des étamines typiques. Ainsi la fleur acquiert-elle sa physionomie propre ; une dernière concrescence aboutit au type « gamopétale ».
Ce schéma général présente de nombreuses variantes. En comparant les divers stades de la figure a, il apparaît que le quatrième stade déjà homologue de la fleur classique l'est également d'un axe fertile d'Arthrophytes paléozoïques (Hyenia elegans du Dévonien moyen) ; ce qui semble montrer que la structure florale existe déjà chez ces Cryptogames vasculaires.
Une phylogénie un peu différente, mais fondamentalement identique, est représentée dans la figure b. Le point de départ est un ensemble dichotomique composé, c'est-à-dire formé d'un axe principal portant plusieurs systèmes d'axes déjà redressés, les pennes, et dont certains sont entièrement fertiles. Le raccourcissement de l'axe principal et la foliarisation des pennes aboutit à une structure voisine de celle d'une fougère à frondes dimorphes comme Thyrsopteris. Or, la fleur des Bennettitinées (Cycadeoidea mâle) a une structure semblable. Sa contraction permet de comprendre des structures florales particulières comme celle du ricin, d'où se déduit aisément la fleur classique.
La chaîne phylétique des organes reproducteurs reliant les Cryptogames vasculaires aux Angiospermes est continue ; pour un morphologiste, il n'y a pas de coupure entre plantes à fleurs et plantes sans fleurs. Mais, chez les Cryptogames vasculaires, les fleurs sont très archaïques ; elles sont à l'état préfloral.
Une autre variante est représentée par la figure c ; elle n'a pas besoin d'être longuement commentée : seules les pinnules de l'axe principal du système ramifié originel sont[...]
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Écrit par
- Louis EMBERGER : professeur à la faculté des sciences de Montpellier
- Michel FAVRE-DUCHARTRE : professeur de botanique à la faculté des sciences, université de Reims
- Georges MANGENOT : professeur honoraire à l'université de Paris-XI
- Paul ROLLIN : professeur à la faculté des sciences de Rouen
Classification
Médias
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