FLEUVES
Orientations récentes de la recherche en potamologie
L'attention des chercheurs s'est également portée sur d'autres sujets ; nous allons simplement en énumérer quelques-uns. Des recherches ont été réalisées sur des cas extrêmes, souvent fort riches en enseignements : biologie des cours d'eau temporaires ou à régime fort variable, des cours d'eau des montagnes des contrées intertropicales, ou bien de ceux uniquement alimentés par des glaciers.
Les sous-écoulements des cours d'eau (nappes parafluviatiles), dont l'étude a été assez longtemps l'apanage des stygobiologistes à cause de leur remarquable faune stygobie, sont à présent envisagés aussi en tant que composante de l'écosystème cours d'eau ; ils s'avèrent jouer un rôle important dans le cycle évolutif de nombreux insectes aquatiques, représenter un véritable réservoir biologique permettant le repeuplement des ruisseaux à faune décimée par suite d'événements catastrophiques (crues brusques, assèchement...), et former un tampon entre l'eau s'écoulant dans le radier et la nappe phréatique – tampon amortissant et retardant, par exemple, l'effet de la pollution sur cette dernière.
De considérables difficultés théoriques et techniques sont responsables du fait que l'étude de la productivité et de la production des eaux courantes en est encore à ses débuts. On mentionne toujours le travail d'Allen (1951) sur la productivité et la production (truites) de la rivière Horokiwi, en Nouvelle-Zélande, comme réalisation exemplaire dans ce domaine. Hynes et Coleman (1968) ont proposé une méthode de calcul de la production du benthal des ruisseaux, qui a suscité des critiques. La méthode ayant donné jusqu'à présent les résultats les plus dignes de foi est celle élaborée à Schlitz par J. Illies et ses collaborateurs, méthode fondée sur la récolte à l'aide de grandes cages en verre placées sur un tronçon de ruisseau à superficie connue, de l'ensemble des insectes amphibiotiques éclosant en un temps donné.
Des études de caractère plus ou moins monographique sur divers réseaux fluviatiles ont été réalisées (Tamise, Danube, Volga, Nil, Congo, Amazone...). Elles ont conduit à une masse considérable de documents, mais aussi au constat d'énormes lacunes. Dans toutes ces études, la question qui se pose à chaque pas – et qui revêt souvent des aspects absolument dramatiques – est celle de l'impact néfaste et parfois irréversible des activités humaines sur les écosystèmes, surtout sur le potamal. Si, par exemple, dans le cas de la Volga, les développements de ces dernières décennies peuvent être considérés comme catastrophiques, que dire du cas du Rhin moyen et inférieur, devenu presque un désert biologique ?
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Écrit par
- Lazare BOTOSANEANU : docteur ès sciences, chercheur scientifique principal, université d'Amsterdam
- Pierre CARRIÈRE : agrégé de géographie, docteur d'État ès lettres
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