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FLIBUSTIERS

Le mot hollandais vrijbuiter se francise au xviie siècle en fribustier, puis flibustier. Aventurier des mers d'Amérique aux xviie et xviiie siècles, le flibustier vit en marge et, souvent, aux dépens de la société. Une première bande occupe l'île de Saint-Christophe, vers 1625, avant de se fixer dans l'île de la Tortue au large de Saint-Domingue. De là les flibustiers partent écumer les mers et essaiment un peu partout dans les îles de la mer des Caraïbes et du golfe du Mexique.

Les Espagnols décident de s'en débarrasser, mais, confondant boucaniers et flibustiers, ils poussent les premiers à choisir le camp des seconds, contribuant à faire d'eux une puissance maritime. Les petites bandes, de vingt-cinq à trente hommes, sont autonomes ; on les appelle des « matelotages ». Des bandes de cinquante à cent cinquante hommes ne sont pas rares et, vers 1660, une sorte de fédération éphémère voit le jour sous le nom de Frères de la côte. Malgré quelques expéditions spectaculaires groupant jusqu'à mille deux cents hommes, les flibustiers ne sont pas hommes de gouvernement et leurs associations se brisent au moment du partage du butin.

Étant en majorité Français, ils attirent sur eux l'attention de la France qui, les considérant comme ses sujets, entreprend de les protéger contre l'Espagne. En 1637, le capitaine Duparquet, un chef de flibustiers, est nommé gouverneur de la Martinique. En 1655, les boucaniers de Saint-Domingue réclament la protection de la France. Ensuite, les flibustiers se rangent sous la bannière française en temps de guerre, quitte, en temps de paix, à opérer pour leur propre compte. Cette fâcheuse habitude donnait à la marine du roi l'occasion de faire de belles campagnes dans les eaux tropicales d'Amérique, avec mission de mettre les flibustiers à la raison. Ceux-ci n'ont disparu qu'avec l'indépendance des anciennes colonies européennes et avec l'avènement de la navigation à vapeur.

— Ulane BONNEL

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