Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FLORE, ouvrage botanique

Le terme de « flore », comme celui de « faune », a deux acceptions différentes, mais complémentaires. La flore est, d'une part, une notion biologique, à savoir l'ensemble des espèces végétales vivant sur un territoire donné, ces espèces s'harmonisant ou s'excluant pour former des types de végétation diversifiés. D'autre part, on désigne par Flore (généralement avec une majuscule) l'ouvrage imprimé qui permet d'identifier les familles, les genres et les espèces de végétaux vivant sur un espace géographiquement délimité. Un tel ouvrage résulte d'une série de démarches, incluant l'analyse floristique sur le terrain et les comparaisons avec les diverses sources de documentation, en particulier les herbiers. C'est de cette seconde acception dont il est ici question.

Les documents anciens

Certains écrits dressant des listes de végétaux (mêlés souvent aux animaux) remontent à l'Antiquité, la classification étant essentiellement d'ordre pratique : plantes nourricières, aromatiques, médicales, vénéneuses.

Les Codex du premier millénaire, le Cartulaire de Charlemagne et les œuvres du Moyen Âge constituent des étapes importantes, mais il faudra attendre le développement de l'imprimerie pour que – grâce en particulier aux traductions et diffusions d'ouvrages anciens grecs, latins ou arabes, jusqu'alors peu disponibles – des synthèses plus élaborées voient le jour. La connaissance des écrits de Théophraste, de Dioscoride ou de Pline l'Ancien constitue le fondement de la botanique du xvie siècle où les recueils de gravures sur bois s'enrichissent de textes de plus en plus comparatifs. Dès 1530, paraissent, sous des titres divers (Herbarumvivaeeicones d'O. Brunfels ; De naturastirpium de J. Ruel ; De historia stirpium de L. Fuchs, etc.), des manuels souvent illustrés qui décrivent un nombre de plus en plus grand d'espèces végétales, incluant déjà des espèces exotiques. Originellement en latin, certaines publications, encyclopédiques pour l'époque, sont traduites (par exemple, en français, l'Histoire des plantes de R. Dodoens ou l'Historia generalisPlantarum de J. Daleschamp). Les ouvrages se rapportant à une entité géographique se développent grâce à l'essor des voyages d'exploration, tels ceux de Pierre Belon du Mans (Méditerranée orientale, 1553), de Charles de l'Écluse (Espagne, 1576).

Après l'étude de C. Gesner sur le mont Pilatus de Lucerne (1555), les œuvres régionales, De quibusdamVallesiaeplantis (J. Simler, 1574) et Sylva Hercynia, sous-titrée « sivecatalogusplantarumspontenascentium... » (J. Thalius et J. Camerarius, 1588) seront bientôt suivies de ce qui peut être considéré comme le premier inventaire floristique en France : Le jardin Sénonois cultivé naturellement d'environ 600 plantes diverses, qui croissent à moins d'une lieue de la Ville et Cité de Sens (Th. Mont-Sainct, 1604). En Languedoc, le Dessein de P. Richer de Belleval (1605) demeure sans suite immédiate et ce n'est qu'en 1635 que paraît, en annexe d'une étude sur les plantes du Canada, l'EnchiridiumBotanicumParisiense de J. Cornut. Bien que le terme de Flore apparaisse (par exemple Flora Danica de S. Paullus, 1648), les ouvrages du xviie siècle sont essentiellement des énumérations descriptives, en nomenclature polynominale, difficilement utilisables pour des identifications. Cependant, surtout avec R. Morison (1672) puis P. Magnol (1689), les « tables comparatives » se développent, Magnol utilisant un système d'accolades qui permet d'opposer des groupes de caractères. J. Ray (1693) tente aussi de donner une clé du règne végétal, mais, au-delà d'essais tel celui de M. D. Johren (1710) ou de E. J. Van Wachendorff (1747), il faut en réalité attendre la [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ancien professeur au Muséum national d'histoire naturelle

Classification