FLUIDIQUE
Une technologie fondée sur les propriétés d'attachement, de décollement et de déviation des jets de fluide en présence de parois fixes. On constate, en effet, qu'un jet de fluide dans une tuyère bidimensionnelle divergente et symétrique ne s'écoule pas symétriquement mais reste attaché à l'une des deux parois, cet attachement, en l'absence de toute dissymétrie géométrique, pouvant se produire indifféremment sur l'une ou l'autre de ces parois. Cette propriété, tout à fait analogue à celle de l'effet Magnus, peut être utilisée pour dévier un jet soit dans une direction (celle de la première paroi), soit dans une autre (celle de la seconde paroi). Une telle déviation, a priori aléatoire, peut être provoquée par l'injection ou l'aspiration d'une quantité très faible de fluide à travers un orifice ménagé sur l'une ou l'autre de ces deux parois, dispositif qui crée une faible dissymétrie dans l'écoulement et permet d'orienter le jet préférentiellement dans l'une ou l'autre des deux directions. On peut ainsi réaliser, à l'aide d'une « commande » de faible intensité, l'orientation d'un jet de puissance et obtenir ainsi la fonction logique élémentaire oui - non (ou 0 - 1).
Cette propriété de base, complétée et améliorée par quelques autres considérations élémentaires de mécanique des fluides, permet de réaliser des opérations de logique, de commutation, d'amplification et même de mémoire.
Il apparaît ainsi qu'on peut concevoir des automatismes, asservissements, voire calculateurs numériques à l'aide de seuls composants fluidiques, sans pièces mobiles, alimentés par des jets de fluide (air ou gaz comprimé en général).
De tels dispositifs sont effectivement utilisés pour réaliser des asservissements de machines hydrauliques ou pneumatiques diverses. Ils ont conduit, aussi, à la conception de certains masques respiratoires. Du fait de leur insensibilité à toute agression électromagnétique extérieure et du fait qu'ils peuvent être réalisés en matériaux non métalliques, un grand espoir avait été placé en eux du point de vue des applications militaires. Toutefois, leur encombrement (malgré une miniaturisation remarquable) et la dépense d'énergie nécessaire à leur fonctionnement n'ont pas permis de les rendre compétitifs par rapport aux composants électroniques actuellement développés pour les besoins de la micro-informatique. La réalisation de calculateurs fluidiques, qui aurait pu être une technologie industrielle de pointe, s'est plus avérée être du domaine de la curiosité intellectuelle.
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Écrit par
- Claude FRANÇOIS : ingénieur en chef de l'Armement, professeur à l'École nationale supérieure des techniques avancées, maître de conférences à l'École polytechnique, directeur de l'enseignement militaire à la Délégation générale pour l'armement, Arcueil
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