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FMI (Fonds monétaire international)

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Le Fonds monétaire international (FMI) est une institution financière multilatérale créée en vertu des accords de Bretton Woods de 1944 afin d’assurer le bon fonctionnement du nouveau système monétaire international (SMI) de changes fixes. Établi à Washington (États-Unis) depuis cette date, le Fonds compte 190 États membres. Sa mission originelle d’assistance temporaire à des pays en crise de balance des paiements a sensiblement évolué au fil des ans, notamment depuis l’introduction de parités flottantes, officialisée par les accords de la Jamaïque en 1976. Depuis cette période, le FMI intervient le plus souvent dans les pays en développement et émergents confrontés à une variété de crises chroniques telles que des crises bancaires ou de solvabilité. Son action dans les pays développés a longtemps été mise en retrait, jusqu’à ce que la crise financière et économique de 2007-2008 et celle de la zone euro mobilisent massivement l’institution au secours de pays européens. L’évolution historique du rôle du FMI s’est traduite par une augmentation irrégulière de ses moyens ainsi que par une diversification de ses instruments et de ses interventions. Il est aujourd’hui confronté à plusieurs enjeux tels que la réforme de sa gouvernance et l’ordonnancement de ses nombreuses activités vers de nouveaux domaines.

Genèse d’une institution garante d’un nouvel ordre monétaire

Lorsque les 44 États participant à la conférence de Bretton Woods se réunirent en juillet 1944, ils avaient à l’esprit le profond désordre économique de l'entre-deux-guerres, induit notamment par l’absence de cadre de coopération économique formel issu du traité de Versailles (1919) et par la « grande dépression » des années 1930. Les politiques monétaires restrictives mises en œuvre en réponse à cette dernière étaient aussi dans les mémoires et constituaient, avec les politiques commerciales protectionnistes, un contre-exemple typique de ce qu’il convenait de ne pas faire (Boughton, 2004). Les délégués se rappelaient, enfin, que le système de l'étalon-or, en vigueur des années 1870 à 1914, avait garanti la stabilité des changes, la libre convertibilité des monnaies et une forte expansion du commerce et des investissements mondiaux. Nourris de ces leçons de politique économique et pressés par le contexte international dramatique causé par la Seconde Guerre mondiale, les États représentés à Bretton Woods abordèrent leurs travaux d'élaboration du cadre économique et monétaire d’après-guerre. Les hauts fonctionnaires et dirigeants politiques du Royaume-Uni et des États-Unis étaient à la manœuvre, portant cependant deux conceptions différentes.

La délégation britannique, conduite par le célèbre économiste issu de l’université de Cambridge, alors conseiller en poste au Trésor britannique, John Maynard Keynes, soutenait l'idée de faire d’un nouveau Fonds international une sorte de Banque centrale mondiale, une international clearing union qui « aurait avec les banques centrales nationales des relations semblables à celles qui existent entre chaque banque centrale et ses banques subordonnées ». Depuis 1941, Keynes souhaitait également que le système de changes fixes soit fondé sur un panier de monnaies et que tous les règlements du commerce entre pays s'effectuent dans cette nouvelle unité de compte, rattachée à l'or, qu'il appelait le « bancor ». Un système de pénalités et de récompenses aurait permis de régler les déséquilibres commerciaux des pays sur la base de la coopération, les pays en situation de déficit ou d’excédent courant étant ainsi incités à mettre en œuvre des politiques économiques plus soutenables. Cette conception aurait par ailleurs empêché le dollar de s’ériger comme monnaie de réserve internationale et aurait pu, selon Keynes, éviter le [...]

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Écrit par

  • : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris

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Kristalina Georgieva - crédits : Mast Irham/ Pool/ AFP

Kristalina Georgieva

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