- 1. Genèse d’une institution garante d’un nouvel ordre monétaire
- 2. Une caisse de secours mutuel initialement au service des pays avancés
- 3. Les principales instances et le fonctionnement du FMI
- 4. Une institution très contestée pour son action dans les pays en développement
- 5. La crise financière de 2008 : une revitalisation du Fonds monétaire international
- 6. La mobilisation du FMI sur toutes les crises contemporaines
- 7. Réforme de la gouvernance du Fonds et enjeux
- 8. Bibliographie
FMI (Fonds monétaire international)
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Une institution très contestée pour son action dans les pays en développement
Le contexte du début des années 1970 se caractérise par l’expulsion de l’or du système, par la promotion de changes flottants, actée formellement par les accords de la Jamaïque en 1976 et, surtout, par la fin de la coordination des politiques monétaires et économiques. Loin de rétablir un véritable ordre monétaire, ces éléments vont plutôt instaurer un « non-système »qui sera incapable de résorber les déséquilibres macroéconomiques mondiaux et de stabiliser le système financier de manière pérenne (de Larosière, 2016). Il en résulte de très nombreuses crises financières en raison de l’octroi massif de liquidités émises par les banques centrales et le système financier mondial et de la montée des dettes publiques comme privées. La situation des pays en développement illustre rapidement la fragilité de la nouvelle donne. Ceux-ci, en effet, ont longtemps été bénéficiaires d’entrées de capitaux internationaux – et notamment de pétrodollars des monarchies du Golfe – sur fond d’augmentation des prix de leurs produits de base mais, lorsque la Banque centrale américaine (FeD) conduite par Paul Volcker hausse brutalement ses taux d’intérêt à partir d’octobre 1979, leurs emprunts, contractés à court terme, à taux variables et parfois en dollars, deviennent insoutenables.
C’est ainsi que, dans les années 1980, le FMI doit venir au secours du Mexique (1982) puis du reste de l’Amérique latine, rapidement victime d’une « décennie perdue ». Ce tournant confirme une orientation de l’institution vers les pays en développement, certes déjà engagée depuis les années 1960 avec l’entrée des pays d’Afrique au Fonds ; elle se poursuivra jusqu’à la fin des années 1990. La nature des opérations du FMI évolue également. L’institution porte de moins en moins secours aux pays développés atteints par des crises de liquidité et de plus en plus à des pays moins avancés frappés par des crises bancaires et de solvabilité, de portée plus ample et plus longue. De même, alors que durant les premières années les programmes étaient courts, ceux-ci ont non seulement tendance à s’allonger mais aussi à se renouveler. On notait ainsi en 2016 que 25 % des membres du Fonds avaient connu des programmes d’une durée supérieure ou égale à la moitié de celle écoulée depuis leur adhésion. Surtout, ces inflexions dans le rôle du FMI remettent en cause sa mission originelle et le système prévoyant que chaque État membre soit tantôt créancier, tantôt débiteur (Boughton, 2004).
Les interventions du Fonds monétaire soulèvent également, dans les années 1980-1990, un certain nombre de critiques des opinions publiques des pays aidés ainsi que d’économistes réputés. La principale d’entre elles concerne la rudesse de la « conditionnalité » imposée en échange des prêts, qui contraint les États à mettre en œuvre des réformes structurelles empreintes d’idéologie, restrictives au plan budgétaire, dures au plan social et inégalitaires, voire inefficaces pour améliorer leur situation économique. Ce problème a pu se poser dans toutes les régions d’intervention du FMI et parfois contribuer à l’éclosion de crises financières. Progressivement, c’est tout un corpus de doctrine libérale baptisé en 1989 « consensus de Washington » par l’économiste John Williamson qui a été, à tort et à raison, remis en cause, en particulier lors de la gestion par le Fonds de la crise financière asiatique de 1997. Une deuxième critique concerne la surveillance défaillante des difficultés des secteurs financiers, que l’on a pu observer dans des pays développés comme les États-Unis avant la crise de 2008. Enfin, le problème d’une insuffisante légitimité du FMI est très tôt soulevé alors que les pays émergents sont peu représentés dans sa gouvernance.[...]
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Écrit par
- Olivier MARTY : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris
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