- 1. Genèse d’une institution garante d’un nouvel ordre monétaire
- 2. Une caisse de secours mutuel initialement au service des pays avancés
- 3. Les principales instances et le fonctionnement du FMI
- 4. Une institution très contestée pour son action dans les pays en développement
- 5. La crise financière de 2008 : une revitalisation du Fonds monétaire international
- 6. La mobilisation du FMI sur toutes les crises contemporaines
- 7. Réforme de la gouvernance du Fonds et enjeux
- 8. Bibliographie
FMI (Fonds monétaire international)
Article modifié le
La crise financière de 2008 : une revitalisation du Fonds monétaire international
Au début des années 2000, le FMI se trouve dans une situation difficile. L’institution fait toujours l’objet de lancinantes critiques et ses ressources se tarissent à mesure que des pays émergents emprunteurs remboursent par anticipation leurs prêts. Le nombre de programmes baisse, parce que certains pays redoutent les exigences du fonds en matière budgétaire et que les crises s’estompent. Les frais de fonctionnement deviennent proportionnellement trop importants. Le FMI risque, selon le mot du gouverneur de la Banque d’Angleterre Mervyn King, de tomber « dans les limbes ». Dans ce contexte, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI à partir de 2007, met en œuvre un plan d’économies de 100 millions de dollars et veille à rétablir la confiance avec les pays d’Afrique et d’Asie. Le dirigeant français se distingue également dans la crise financière en poussant tôt à une relance ambitieuse à l’échelle mondiale, dès janvier 2008. Avec le G20, il organise en 2009 un triplement des ressources du Fonds (portées à 750 milliards de dollars) par appel de fonds aux pays membres, une nouvelle allocation générale de DTS (la troisième, pour 250 milliards), et une réforme limitée des quotes-parts visant à majorer les droits de vote des émergents. Le FMI déploie également des prêts à taux zéro aux pays pauvres, allège leur conditionnalité, et crée divers instruments préventifs et flexibles.
Pendant la crise de 2007-2008, le Fonds s’attribue aussi un rôle de veille macrofinancière et de conseil accru afin de mieux appréhender les désordres monétaires et financiers. L’analyse des risques est affinée, les exercices d’alerte sont modifiés, et la collaboration avec le Conseil de stabilité financière (CSF, créé en 2009) et d’autres instances internationales, comme les formations du G20 ou la Banque des règlements internationaux (BRI), est étendue. Ces changements s’accompagnent d’une inflexion de la doctrine économique du Fonds sur des points emblématiques tels que la libéralisation indifférenciée des flux de capitaux et des secteurs bancaires mais aussi, plus tard, sur les effets de la consolidation budgétaire. Ainsi, le FMI apparaît-il au sortir de la crise financière comme une organisation internationale revitalisée et dont la légitimité et le rôle ont été renforcés. Son aide financière massive aux pays d’Europe (Islande en 2008, Ukraine en 2008 et 2010, Hongrie en 2008, Roumanie en 2009, Grèce en 2010 et 2012, Irlande en 2010), Portugal en 2011) marque cependant un retour inattendu du Fonds dans les pays développés, alors que ceux-ci avaient cessé de demander son aide depuis 1985.
L’action du Fonds dans la zone euro, inédite en termes de volumes (138 milliards de dollars de prêts au bénéfice de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal) et de rapports aux « quotas » et aux PIB des pays aidés, a été particulièrement problématique à trois égards (Reinhart et al., 2016). Elle confirma d’abord la tendance qui voyait le FMI mettre en œuvre des programmes d’aide volumineux au bénéfice de pays lourdement endettés. Dans le cas de l’Union monétaire européenne, cela s’est traduit par une augmentation substantielle de la prise de risque et par une forte concentration des opérations en Europe, que les émergents ont vue d’un mauvais œil. De surcroît, le retour du Fonds sur le Vieux Continent a été contesté par les populations en raison des conditions exigées et a ainsi à nouveau terni sa réputation. Son statut de créancier « senior » – c’est-à-dire privilégié en cas de défaut – a aussi été considérablement ébranlé par deux épisodes retentissants de défaut de la Grèce à son détriment, à l’été 2015. Enfin, le Fonds a rompu avec sa doctrine traditionnelle de non-intervention dans des pays insolvables au motif qu’un risque financier systémique était identifié ;[...]
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Écrit par
- Olivier MARTY : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris
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