- 1. Genèse d’une institution garante d’un nouvel ordre monétaire
- 2. Une caisse de secours mutuel initialement au service des pays avancés
- 3. Les principales instances et le fonctionnement du FMI
- 4. Une institution très contestée pour son action dans les pays en développement
- 5. La crise financière de 2008 : une revitalisation du Fonds monétaire international
- 6. La mobilisation du FMI sur toutes les crises contemporaines
- 7. Réforme de la gouvernance du Fonds et enjeux
- 8. Bibliographie
FMI (Fonds monétaire international)
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Réforme de la gouvernance du Fonds et enjeux
Le FMI continue de s’impliquer dans la surveillance et le débat sur les politiques macroéconomiques, comme son rôle de vigie mondiale l’y invite. Dans un contexte d’inflation consécutif à la reprise « post-Covid-19 » et à la guerre en Ukraine, sa voix a pesé pour soutenir un rythme de durcissement des politiques monétaires qui ne porte pas trop atteinte à la croissance. Dans le même temps, le Fonds a apporté sa contribution à certains débats, comme ceux portant sur les effets de l’intelligence artificielle sur l’emploi des pays avancés ou sur les risques soulevés par le changement climatique. Ces actions ont été menées en parallèle de sa routine opérationnelle d’assistance à des pays ayant besoin de son aide, comme l’Argentine encore en 2022, et du développement continu de ses capacités d’assistance technique qui ont pour but d’aider les pays bénéficiaires à mettre en œuvre les réformes nécessaires. Cependant, un certain nombre de pays sont réticents à faire appel au FMI en raison du stigma politique sinon financier qui peut être associé à son intervention et alimenter des phénomènes d’instabilité financière.
La réforme de la gouvernance du FMI est aujourd’hui un enjeu majeur pour garantir la légitimité de l’institution. La perspective d’octroyer un 25e siège aux pays africains au Conseil d’administration constitue un pas en avant. Cependant, la 16e revue quinquennale des quotes-parts, conclue en décembre 2023, reste au milieu du gué : elle a conduit à augmenter les quotes-parts de 50 %, mais elle n’est pas parvenue à redistribuer celles-ci entre les membres de façon à donner plus de pouvoir aux pays émergents. Ce problème ancien bute sur l’opposition des pays développés, qui arguent que la capacité d’engagement du Fonds (établie à près de 1 000 milliards de dollars à la fin de 2023, hors emprunts aux pays membres ou entre eux) est suffisante et que les pays émergents ne jouent pas assez le jeu du multilatéralisme. Il est vrai que les économies moins avancées ou émergentes participent peu aux contributions financières volontaires appelées par le FMI pour alimenter ses nombreux trust funds et qu’elles se tiennent à l’écart des négociations portant sur les restructurations des dettes dues à l’institution. L’évolution des relations, plus ou moins conflictuelles, entre la Chine et les États-Unis sera, à cet égard, très déterminante pour le devenir du FMI.
Le FMI est également confronté à d’autres interrogations sur son futur. La plus importante concerne sans doute sa capacité à conserver une place centrale dans un « système » de Bretton Woods usé par les divisions de la communauté internationale. L’émergence de politiques d’assistance financière inédites portées par la Chine peut, par exemple, déboucher sur de nouvelles institutions, comme la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, et conduire à une concurrence frontale avec le Fonds. Mais, selon un point de vue plus optimiste, la montée en puissance de dispositifs régionaux d’assistance financière, en Asie ou en Europe, dégage des possibilités de coopération fructueuse entre ceux-ci et le FMI dans le cadre d’un « filet de sécurité financière mondial ». Par ailleurs, les mutations économiques internationales telles que l’émergence de monnaies digitales ou la prégnance du risque climatique impliquent une redéfinition des instruments et des interventions du Fonds. Ainsi le FMI travaille-t-il à la création d’une infrastructure qui organiserait les transactions de monnaie digitale de banque centrale (MDBC), ou encore au déploiement d’une resilience and sustainability facility (RSF) visant à aider les pays à réduire les risques macrofinanciers liés au climat et aux pandémies. Cependant, la vaste extension des activités du Fonds vers de nouveaux[...]
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Écrit par
- Olivier MARTY : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris
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