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FOI

Alliance et fidélité dans la Bible

Nous avons pris l'habitude de parler globalement de « la foi biblique », de « la foi chrétienne », de « la foi juive »..., en supposant que le mot « foi » résume la totalité du rapport de l'homme à Dieu. Il n'existe pas de mot en hébreu qui corresponde à cette acception. Les seuls termes capables d'évoquer dans sa totalité le message biblique sont ceux qui se rapportent non pas aux attitudes de l'homme, mais à l'œuvre de Dieu. Le Moyen Âge voyait dans l'Écriture la révélation du droit divin, Jus divinum. C'est à peu près dans le même sens qu'en hébreu moderne on emploie le mot dath pour désigner la religion.

L'ordre divin révélé dans l'Écriture s'organise autour d'une idée centrale : l'alliance de Dieu avec le peuple élu. Le mot hébreu berith peut se traduire « pacte d'alliance » (foedus) ou « serment » (sacramentum), avec cependant une nuance importante qui met l'accent sur les obligations résultant des engagements pris. Cette nuance légaliste est évoquée par les traductions grecque (diathékè) et latine (testamentum), qui soulignent que l'Écriture, à la manière d'un Testament, est le décret définitif, l'expression dernière de la volonté divine, car c'est Dieu qui a engagé la véracité de sa parole dans l' élection d'Abraham et dans la loi de l'alliance promulguée par Moïse. Il faut insister sur ces deux points pour comprendre les enjeux et les formes du loyalisme dans l'Ancien Testament. Dans l'élection d'Abraham, il y va de l'existence même d'une race élue, issue d'un couple stérile. Dans l'alliance mosaïque, l'enjeu est différent : c'est un rapport de suzerain à vassal qui s'établit entre Dieu et Israël. L'archéologie, en effet, éclaire la nature de la berith (en accadien birītu). En 1954, G. Mandenhall a montré qu'un traité hittite (xive-xiiie s. av. J.-C.) avait la composition suivante : après nomination des titulaires 1o introduction historique motivant la loyauté exigée du vassal ; 2o stipulations du traité ; 3o liste des témoins divins ; 4o bénédictions et malédictions ; 5o promulgation publique du traité enregistré sur des tablettes. On retrouve une structure analogue dans Exode, xix-xxiv : 1o introduction historique, xix, 4-6 ; 2o lois, xx-xxiii, 19 ; 3o promesses et menaces, xxiii, 20-23 ; 4o proclamation publique de l'alliance, xxiv, 1-8. Des traités plus récents, comme celui d'Esarhadon avec ses vassaux orientaux, sont comparables par leur date et leur composition à la structure du Deutéronome : 1o introduction historique (Deut., i-ii) ; 2o lois, xii, 1-xxvi, 15 ; 3o obligations mutuelles, xxvi, 16-19 ; 4o bénédictions et malédictions, xxvii-xxix. Yahwé est donc le suzerain d'Israël, il lui a donné sa loi.

Le vocabulaire du loyalisme, en Israël, comporte un certain nombre de termes dont les principaux (mais non les seuls) se trouvent dans les dérivés de la racine aman (dont on connaît la forme optative Amen, qui est prononcée à la fin de la prière). L'idée générale semble être celle de stabilité, de garantie durable, de support, sur quoi on puisse s'appuyer comme sur une base sûre (cf. le « Rocher » d'Israël). Cependant, les dérivés de cette racine doivent être étudiés pour eux-mêmes dans la variété de leurs emplois. Chaque unité morphologique est syntaxiquement définie par un champ sémantique qui est l'ensemble de ses valeurs d'usage. C'est Ludwig Bach qui, en 1900, introduisit les méthodes d'analyse sémantiques dans ce qu'il appelait alors « l'intuition de la foi dans l'Ancien Testament ». Une racine hébraïque donne à la fois des formes nominales et des formes verbales. Nous étudierons d'abord les formes nominales : [...]

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