FOIE
Le foie cirrhotique
Les cirrhoses sont l'aboutissement de toute agression prolongée du foie ; elles rassemblent dans leur physiopathologie et leur symptomatologie toutes les anomalies cellulaires, biliaires et vasculaires qui ont été évoquées. Plutôt qu'une maladie au sens strict, une cirrhose est donc une entité anatomopathologique.
Toute destruction du parenchyme hépatique entraîne une régénération. Lorsque cette régénération se produit sans que soient respectées les connexions normales avec les axes vasculo-biliaires, elle aboutit au nodule cirrhotique, dont l'architecture diffère de celle du lobule hépatique normal. Quelle que soit la cause de la cirrhose, le dénominateur commun en est un bouleversement vasculaire du foie qui en compromet la physiologie. Le tableau donne une liste très limitée, des causes de cirrhose : en France sur dix cirrhoses hospitalisées, huit sont dues à l' alcoolisme ; les autres se répartissent en conséquences d’hépatites virales et toxiques.
Il faut songer à la cirrhose lorsque chez un sujet, dont l’âge est souvent proche de la cinquantaine, l'état général s'altère depuis quelques semaines ; une diarrhée ou une infection quelconque sont volontiers le facteur déclenchant de sa décompensation, lorsque ce n'est pas une hémorragie digestive. Le malade est fatigué, il maigrit, perd l'appétit, cependant que ses jambes se gonflent d'œdèmes. Enfin, son abdomen augmente de volume : l' ascite est apparue. Surviennent ensuite tous les signes de l' insuffisance hépatique chronique : fatigue extrême, subictère, anorexie absolue, hémorragies cutanées, nasales, etc. La peau du malade est fine, atrophiée, et se couvre d'angiomes stellaires. Généralement, du fait de l'ascite, on ne peut plus palper le foie, d'ailleurs souvent atrophique, constitué par un bloc de sclérose au sein duquel persistent trop peu de nodules fonctionnels pour assurer des fonctions métaboliques satisfaisantes. De fait, les taux d'albumine plasmatique et de cholestérol sont abaissés ainsi que les facteurs de coagulation sanguine. L'insuffisance hépatique se termine par un coma lorsqu'une hémorragie digestive ne vient pas interrompre brutalement le cours de la maladie.
Le pronostic de la cirrhose est sombre. Si elle est due à l'alcoolisme, et si on obtient la cessation de l'intoxication, on peut prolonger notablement la vie des malades. Cependant, il existe une tendance à l'aggravation progressive de la plupart des cirrhoses. On assiste à une détérioration progressive de la fonction hépatique avec ses conséquences. La plus dramatique des complications est la cancérisation du foie cirrhotique, le développement d'un carcinome hépatocellulaire. Si le sujet cirrhotique est relativement jeune, que la cause de la cirrhose est maîtrisée (alcoolisme ou infection virale), une transplantation hépatique peut être envisagée.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jacques CAROLI : professeur à la faculté de médecine de Paris
- Yves HECHT : docteur en médecine, ancien chef de clinique, médecin consultant de l'hôpital Saint-Antoine, Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
RÉGÉNÉRATION HÉPATIQUE
- Écrit par Hélène GILGENKRANTZ
- 2 047 mots
- 3 médias
Le foie, qui assure des fonctions essentielles – métaboliques, immunitaires, de détoxification et de drainage de la bile –, témoigne également d’une remarquable capacité à se régénérer rapidement après une lésion traumatique ou une exérèse chirurgicale, c’est-à-dire à récupérer dans un temps très court...
-
ABDOMEN
- Écrit par Claude GILLOT
- 6 346 mots
- 9 médias
Le foie se développe (fig. 6a) dans l'épaisseur du mésogastre antérieur, et devient une glande volumineuse ; elle refoule latéralement le feuillet droit et le feuillet gauche, mais n'envahit pas le méso en totalité. Elle laisse libre la partie supérieure (ligament suspenseur, ligament rond) et la partie... -
ADÉNYLIQUE CYCLIQUE ACIDE ou ADÉNOSINE MONOPHOSPHATE CYCLIQUE (AMP cyclique)
- Écrit par Paolo TRUFFA-BACHI
- 484 mots
En 1956, l'Américain E. W. Sutherland et ses collaborateurs découvrent un facteur thermostable indispensable à l'activation, par l'adrénaline, de la phosphorylase du tissu hépatique. La caractérisation chimique de la substance montre qu'il s'agit d'un nucléotide :...
-
ADRÉNALINE
- Écrit par Jacques HANOUNE
- 3 565 mots
- 2 médias
...hyperlactacidémie, et une augmentation des acides gras libres. Elle augmente le métabolisme de base. L'adrénaline augmente la production de glucose par le foie en stimulant les deux voies de la gluconéogenèse et de la glycolyse. Le mécanisme de cette action passe par un récepteur β2 ou α1-adrénergique... -
ALDOSTÉRONE
- Écrit par Pierre KAMOUN
- 1 641 mots
L'aldostérone est presque entièrement métabolisée au cours de la traversée hépatique, comme l'indique sa concentration quasi nulle dans la veine sus-hépatique. L'inefficacité de l'aldostérone administrée par voie orale illustre sa métabolisation complète lors d'un seul passage hépatique.... - Afficher les 50 références