FOIE
Les tumeurs hépatiques
La pratique de l' échographie hépatique sur une grande échelle amène à la découverte fréquente d'anomalies morphologiques hépatiques. Il s'agit souvent de kystes biliaires, parfois multiples et quelquefois très volumineux. Ces kystes se rencontrent chez près de 5 % des individus normaux, et n'ont aucune conséquence pathologique.
Une autre variété d'anomalie morphologique fréquente est l'hémangiome. Il se traduit en échographie sous forme d'un nodule hyperéchogène, plus ou moins volumineux, le plus souvent bénin.
Les tumeurs bénignes du foie sont soit des adénomes (constitués par des amas de cellules hépatiques, avec une très abondante vascularisation artérielle) ; soit le produit d’hyperplasie nodulaire focale (reproduisant l'image d'une boule de foie normal, mais de croissance irrégulière). La croissance de ces tumeurs bénignes est favorisée par les œstrogènes, et notamment les pilules contraceptives. Dans quelques cas, peu nombreux, les tumeurs bénignes peuvent donner des complications (hémorragies), et on peut se poser le problème de leur exérèse.
La question des cancers du foie est une des plus dramatiques qui soient. Le premier cancer expérimental a été en effet un hépatome du foie obtenu par T. Yoshida (1932), en mêlant à l'alimentation des rats d'expérience un colorant azoïque. D'innombrables substances carcinogènes ont été expérimentées par la suite. Certaines toxines végétales de champignons (par exemple, les toxines de Penicillium islandicum ou l'aflatoxine, toxine de l'Aspergillus flavuscontaminant des arachides) sont également cancérigènes. Les hépatocarcinomes primitifs compliquant l'évolution des hépatites à virus B et C sont particulièrement importants. . La cirrhose alcoolique contribue également aux hépatocarcinomes. On dénombre au total environ 8 000 nouveaux cas d’hépatocarcinomes primitifs en France, ce qui a pour corollaire la nécessité de prévention des causes – lutte contre l’alcoolisme et vaccination contre l’hépatite B, traitement contre l’hépatite C.
Cliniquement, l'hépatocarcinome se révèle par une altération de l'état général et de l'état hépatique. L'échographie montre une masse hétérogène, d’opacité contrastant avec le reste du parenchyme hépatique. Dans le bilan biologique qui est alors pratiqué, on note, outre les altérations habituelles des maladies du foie, la présence dans le sang d'une protéine particulière : l'alphafœtoprotéine, qui conforte le diagnostic.
Les cancers du foie bénéficient de toutes les thérapeutiques anticancéreuses (dans la chirurgie d'exérèse ; dans les chimiothérapies locales par introduction intra-artérielle d'antimitotiques ; par l'alcoolisation des tumeurs sous guidage échographique). Les progrès sont tels qu'il n'est plus possible d'avoir une attitude de résignation lorsqu'un cancer primitif du foie est découvert.
Dans le cas des cancers secondaires, ou métastatiques, puisque la plupart des cancers primitifs de l'organisme peuvent métastaser au foie (cancers digestifs, mais aussi cancers du poumon, du sein, etc.), là encore une attitude de résignation n'est plus de mise. Cette relative accessibilité à la thérapeutique justifie les programmes de surveillance systématiques dans les suites de l'exérèse d'un cancer digestif, notamment colorectal (échographie et marqueurs tumoraux tous les six mois).
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Écrit par
- Jacques CAROLI : professeur à la faculté de médecine de Paris
- Yves HECHT : docteur en médecine, ancien chef de clinique, médecin consultant de l'hôpital Saint-Antoine, Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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