FOIRES DE CHAMPAGNE
C'est aux grandes foires de Champagne que Charles P. Kindleberger fait débuter sa chronologie bancaire dans son Histoire financière de l'Europe occidentale (A Financial History of Western Europe, 1984). Celles-ci marquent, en effet, la renaissance des opérations bancaires qui, après avoir prospéré tout au long de l'Antiquité, ont périclité avec la fin de l'Empire romain. Le développement du grand commerce, à partir du xiie siècle, doit beaucoup aux grandes foires de Champagne, véritable plaque tournante du commerce européen. En plein essor au début du xiiie siècle, elles se tenaient sur le territoire français, à Troyes, Lagny, Provins et Bar-sur-Aube, six fois par an (à raison d'une ou deux dans chacune des quatre villes), durant environ cinquante jours. La France bénéficiait alors d'une situation géographique privilégiée entre la Flandre et l'Italie, qui étaient, à cette époque, parmi les plus riches pays producteurs et commerçants. Le « garde de foire » et le « conduit royal » accordé par Philippe Auguste (les marchands des foires de Champagne étaient sous la protection du roi de France) garantissaient la confiance nécessaire à la bonne marche des affaires. Les transactions commerciales s'accompagnaient nécessairement de relations financières et dans les derniers jours de foire, les marchands laissaient place aux changeurs. C'est, dit-on, à l'installation précaire des changeurs sur un « banc » que la profession bancaire devrait son nom.
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Écrit par
- Jézabel COUPPEY : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Média