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FOLKLORE

Les définitions

Depuis le dernier quart du xixe siècle, beaucoup de définitions du folklore ont été proposées, mais elles sont peu satisfaisantes. Le Standard Dictionary of Folklore, Mythology and Legend en recensaient déjà vingt et une en 1949. On peut les classer d'après les théories, explicites ou sous-jacentes, sur lesquelles elles s'appuient.

Dans un premier groupe viendraient les définitions qui se réfèrent à la théorie des survivances. Thoms, tout en proposant le terme de folklore à la communauté des savants, ne s'aventura pas à le définir. Mais son néologisme était destiné à remplacer l'expression popular antiquities, couramment employée en anglais jusqu'à cette époque. Par ailleurs, il invoquait avec beaucoup d'admiration l'œuvre de Jacob Grimm, incitant l'Angleterre à prendre pour modèle la Deutsche Mythologie de celui-ci. Lorsque, à la fin du xixe siècle, l'Europe fait un grand effort de réflexion sur le problème et entreprend des collectes intensives, Andrew Lang, au nom de l'école anthropologique anglaise, propose en 1884 la définition suivante : « Le folklore recueille et compare les restes des anciens peuples, les superstitions et histoires qui survivent, les idées qui vivent dans notre temps, mais ne sont pas de notre temps. À proprement parler, le folklore ne s'intéresse qu'aux légendes, coutumes, croyances du peuple. » Sébillot, en France, adhère à cette idée puisqu'en 1886 il voit dans le folklore l'« examen des survivances qui, remontant parfois [...] jusqu'aux premiers âges de l'humanité, se sont conservées, plus ou moins altérées, jusque chez les peuples les plus cultivés ». À la même époque, Giuseppe Pitré, le fondateur des études folkloriques en Italie, y voit « des restes de rites disparus, de cérémonies oubliées, de pratiques interrompues. Et ce qui frappe, c'est la survivance simultanée d'usages disparates, qui équivalent pour nous à des couches géologiques révélatrices des diverses époques. » Saintyves, en 1936, considère le folklore comme « une étude de la mentalité populaire dans une nation civilisée ».

La critique la plus sérieuse qu'on peut faire à ces définitions interchangeables, c'est qu'une croyance ou une coutume ne peuvent jamais être de pures survivances. Pour persister, en effet, les traditions doivent garder une fonction dans la culture dont elles font partie. Lévi-Strauss écrit à propos du père Noël : « Les explications par survivances sont toujours incomplètes ; car les coutumes ne disparaissent ni ne survivent sans raison. Quand elles subsistent, la cause s'en trouve moins dans la viscosité historique que dans la permanence d'une fonction que l'analyse du présent doit permettre de déceler [...]. Nous sommes en présence, avec les rites de Noël, non pas seulement de vestiges historiques, mais de formes de pensée et de conduite qui relèvent des conditions les plus générales de la vie en société. Les Saturnales et la célébration médiévale de Noël ne contiennent pas la raison dernière d'un rituel autrement inexplicable et dépourvu de signification ; mais elles fournissent un matériel comparatif utile pour dégager le sens profond d'institutions récurrentes. »

À l'opposé de ces définitions, on trouve celles qui affirment le caractère vivant, actuel et contemporain du folklore. Van Gennep insistait déjà en 1924, dans son petit livre Le Folklore, sur le caractère vivant des faits folkloriques et sur la nécessité, pour les observer et les étudier, de remplacer la méthode historique par la méthode biologique. Mais, dans son grand Manuel de folklore français contemporain, il se contente de cette brève définition : « étude méthodique, donc science, des mœurs et coutumes ».

Aux États-Unis, Alan Dundes dénonce les « principes[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

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Média

Les frères Grimm - crédits : General Photographic Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

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