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FOLQUET DE MARSEILLE (1160 env.-1231)

Évêque de Toulouse et troubadour. Par son activité poétique, Folquet de Marseille appartient à la quatrième génération connue des troubadours (1175-1200). Fils d'un riche marchand génois établi à Marseille, il continue le métier de son père jusque pendant les dernières années de son activité poétique. Il est l'ami de plusieurs grands : le roi Richard Cœur de Lion, Alphonse VIII de Castille, Barral des Baux. En diverses cours, il chante maintes grandes dames sans inquiéter pour autant l'honnête bourgeoise qu'est son épouse. Car Folquet est marié et il a deux fils. Vers 1200 — la dernière poésie datée de lui est de 1195 —, il quitte l'état laïque et entre en religion (avec sa femme et ses deux enfants), en apportant ses biens et ceux de sa famille au monastère cistercien du Thoronet (en Provence), dont il sera bientôt élu abbé. En 1205, Raimon de Rabastens, évêque de Toulouse, ayant été accusé de simonie et surtout de connivence avec les hérétiques, et révoqué par les légats du pape, l'abbé du Thoronet est élu évêque de cette ville. La seconde carrière publique de Folquet le rend encore plus célèbre : l'évêque fait oublier le troubadour. Il lutte avec acharnement pour extirper l'hérésie albigeoise des terres de Toulouse. Allié fidèle de Simon de Montfort et des croisés du Nord, il est sans pitié pour ses compatriotes. L'auteur anonyme de la Canson de la crosada le présente sous les plus noires couleurs : au Concile de Latran, il nous dit que le comte de Foix le traite, devant le pape même, d'« Antéchrist plutôt que d'envoyé de Rome ». Folquet favorise la fondation de l'ordre des Frères prêcheurs... ce qui lui vaudra une si belle place dans Le Paradis de Dante. Il établit officiellement l'Inquisition à Toulouse et y fonde l'Université, où il intronise des professeurs venus de Paris pour convertir les Toulousains. Cet homme au destin exceptionnel chante, en tant que poète, un amour scolastique, artificiel ; il est un maître de style, à la technique raffinée. Ses chansons serviront, surtout en Italie, de modèle du style subtil.

— Charles CAMPROUX

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'université Paul-Valéry, Montpellier

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