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FONCTIONNALISME

Le modèle Agil

La seconde condition à la structuration des systèmes d'action est d'ordre proprement fonctionnel. Comme le montrent les sciences du vivant, tout système doit satisfaire un certain nombre de besoins élémentaires qui ont à voir avec son environnement et son organisation interne. Dans les Working Papers in the Theory of Action (1953), Parsons recense quatre fonctions qui constituent autant de prérequis fonctionnels nécessaires à tout système d'action. L'adaptation (adaptation), la première, répond à la nécessité pour un système de puiser des ressources dans son environnement et, en échange, de lui offrir des contreparties. La deuxième fonction – l'orientation vers la réalisation des fins (goal attainment) – prend sens si l'on admet qu'un système ne tient qu'à condition de se fixer des objectifs et de se doter de moyens pour les atteindre. L'intégration interne (integration), troisième fonction, a pour enjeu l'articulation des différentes parties du système de façon à stabiliser ce dernier. Le maintien des modèles de contrôle (latent pattern maintenance) est la dernière composante. Cette fonction correspond à la production, au maintien et à la reproduction cohérente d'un ensemble de valeurs communes qui fournissent les motivations nécessaires à l'action individuelle.

Commodément résumées dans l'acronyme Agil, ces quatre fonctions constituent le cœur du paradigme structuro-fonctionnaliste. Elles sont associées, au niveau le plus général, aux sous-systèmes biologique (A), psychique (G), social (I) et culturel (L). Chacun de ces quatre éléments peut faire l'objet d'une décomposition interne qui satisfait elle aussi aux quatre prérequis fonctionnels. Le sous-système social articule ainsi l'économique (A), le politique (G), une communauté sociétale chargée d'édicter les obligations de loyalisme envers la société (I) et un sous-système de maintien des modèles culturels qui a pour fonction d'assurer la formation des valeurs et des orientations culturelles (L). Et chacun d'entre eux peut à nouveau être décomposé en unités élémentaires, etc. Parsons utilise cette grille de lecture pour rendre raison de faits aussi divers que la socialisation, la famille, les relations politiques ou encore la vie économique.

La troisième condition qui régente les systèmes d'action est l'existence de règles relatives au changement. À cette fin, Parsons propose d'analyser le système social comme un ensemble d'échanges régulés par un principe cybernétique. Grâce à un médium de communication qui lui est spécifique, chaque sous-système échange avec les autres et contribue de la sorte à la dynamique de l'équilibre social. Le système politique, par exemple, utilise le pouvoir qui est à sa disposition pour favoriser le développement économique. Il bénéficie en retour de ressources monétaires qu'il peut allouer aux différents groupes de la société. Les systèmes, qui plus est, ne sont pas tous équivalents. Inspiré par Norbert Wiener, Parsons les ordonne le long d'un axe vertical qui oppose les systèmes les plus richement dotés en information (système culturel puis système social) à ceux mieux pourvus à l'inverse en énergie. Les premiers ont pour mission de contrôler l'ensemble des sous-systèmes, les autres (personnalité, organisme) ont statut de conditions élémentaires de l'action.

Sociologue de renommée internationale, Talcott Parsons a produit une œuvre qui n'a pas laissé indifférent. Outre l'ambition théorique que d'aucuns ont pu penser démesurée ou encore l'évolutionnisme qui perce dans ses derniers écrits, le grief le plus souvent mentionné concerne sa conception « hyper-socialisée » de l'homme. Comme l'a noté Dennis Wrong, la société des hommes, telle que se la représente Parsons, n'est guère[...]

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Écrit par

  • : professeur de sociologie au Conservatoire national des arts et métiers

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