FONCTIONS ANALYTIQUES Fonctions d'une variable complexe
Le problème des primitives
Nous avons obtenu maintenant à peu près tous les résultats qu'il est possible de démontrer localement, c'est-à-dire à partir de l'étude des séries entières ; pour continuer la théorie, nous avons besoin d'un remarquable outil introduit par Cauchy, l'intégrale curviligne le long d'une courbe.
L'intégrale curviligne
On va tout d'abord préciser la terminologie et les conditions de régularité auxquelles seront soumises les « courbes » du plan qui interviennent dans la suite.
On appelle chemin dans le plan complexe toute application continue γ : I → C d'un intervalle I = [a, b]dans le plan complexe qui est continûment dérivable par morceaux ; cela signifie que I est une réunion d'un nombre fini d'intervalles fermés dans lesquels γ est continûment dérivable, ou encore que γ est la primitive d'une fonction continue par morceaux dans I. Le point γ(a) s'appelle l'origine du chemin γ et le point γ(b) est son extrémité ; un chemin fermé, c'est-à-dire tel que γ(a) = γ(b) sera appelé un lacet. Enfin, on appelle trajectoire le sous-ensemble γ(I) du plan complexe parcouru par γ(t) pour t ∈ I ; si γ est un chemin, on le représentera géométriquement en dessinant sa trajectoire et en indiquant par des flèches le « sens de parcours » du point γ(t) lorsque t croît de a à b. L'exemple le plus simple d'une telle situation est celui d'une fonction affine par morceaux : la trajectoire est alors une ligne brisée (cf. chap. 1). Soit maintenant n un entier relatif non nul, z0 un nombre complexe et r un nombre réel positif ; pour t ∈ [0, 2π], l'application :
est un lacet dont la trajectoire est le cercle de centre z0 et de rayon r. Nous dirons que ce lacet est ce cercle « parcouru n fois », car tout point de ce cercle est l'image de |n| valeurs distinctes de t ∈ [0, 2π] ; on dira aussi que c'est ce cercle parcouru une fois dans le sens direct si n = 1 et dans le sens rétrograde si n = − 1.Pour l'intégrale curviligne, nous aurons besoin d'une notion de courbe orientée plus « géométriquement », c'est-à-dire indépendante dans une certaine mesure du paramétrage γ. Nous dirons que deux chemins :
sont équivalents s'il existe une bijection continue ϕ croissante de I1 sur I2, continûment dérivable par morceaux ainsi que la bijection réciproque, telle que γ1(t) = γ2(ϕ(t)) pour tout t ∈ I1. Par exemple, pour tout chemin, on peut trouver, par une homothétie suivie d'une translation, un chemin équivalent défini dans un intervalle fixe de R, par exemple [0, 1].Soit maintenant γ :[a, b] → C un chemin et f une fonction à valeurs complexes définie et continue sur la trajectoire de γ. D'après les conditions de régularité imposées à γ, la fonction t ↦ f(γ(t))γ′(t) est continue par morceaux, donc intégrable, dans[a, b]. On appelle intégrale curviligne le long du chemin γ le nombre complexe :
par exemple, si γ est le cercle de centre z0 et de rayon r parcouru une fois dans le sens direct (cf. supra) et f une fonction continue sur ce cercle, on a :La notion d'équivalence des chemins introduite ci-dessus s'avère particulièrement bien adaptée à l'intégrale curviligne ; en effet, la formule de changement de variable dans une intégrale montre que, si γ1 et γ2 sont des chemins équivalents et f une fonction continue sur leur trajectoire commune, les intégrales curvilignes de f sur γ1 et sur γ2 sont égales.
Indiquons enfin comment on peut majorer une intégrale curviligne : si |f (z)| ≤ M pour tout point z de la trajectoire de γ, on a :
et cette dernière intégrale n'est autre que la longueur L(γ) du chemin. Ainsi :Lien avec les primitives
Si la fonction f est définie dans un ouvert U contenant la trajectoire[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Luc VERLEY : maître de conférences honoraire à l'université de Paris-VII
Classification
Médias
Autres références
-
FONCTIONS ANALYTIQUES (A.-L. Cauchy)
- Écrit par Bernard PIRE
- 269 mots
- 1 média
Augustin-Louis Cauchy (1789-1857) est un mathématicien français prolifique, auteur de 789 notes qui furent publiées pour la plupart aux Comptes rendus de l'Académie des sciences. Parmi les nombreux résultats importants qu’il a démontrés, ceux qui concernent les fonctions d'une variable...
-
PRIX ABEL 2016
- Écrit par Yves GAUTIER
- 1 168 mots
- 2 médias
Pour ce qui est des formes modulaires, on peut dire très schématiquement que ce sont des fonctions analytiques qui respectent certaines conditions exprimées par certaines équations fonctionnelles – un exemple étant f[(az + b)/(cz + d)] = (cz + d)2 f(z) pour tout z complexe ; a, b, c et d étant... -
ANALYSE MATHÉMATIQUE
- Écrit par Jean DIEUDONNÉ
- 8 528 mots
...exemple pour la fonction égale à exp (− 1/x2) pour x ≠ 0 et à 0 pour x = 0, en prenant x0 = 0). Il y a donc lieu de faire l'étude des fonctions, dites analytiques, qui, au voisinage de chaque point x0 où elles sont définies, sont égales à leur série de Taylor en ce point. On savait depuis... -
ANNEAUX & ALGÈBRES
- Écrit par Jean-Luc VERLEY
- 5 036 mots
- 1 média
...fonctions analytiques à l'origine O du plan complexe. Considérons les couples (U, f ) d'un voisinage ouvert de O dans le plan complexe et d'une fonction f définie et analytique dans U. Nous dirons que deux tels couples (U, f ) et (V, g) définissent le même germe à l'origine si f et ... -
ASYMPTOTIQUES CALCULS
- Écrit par Jean-Louis OVAERT et Jean-Luc VERLEY
- 6 250 mots
- 1 média
...) = etReh(x+iy), appelé le relief de eth(z). Cette surface ne présente pas de « sommet » relatif, d'après le principe du maximum pour les fonctions analytiques, et, par suite, les seuls points où le plan tangent est horizontal (ce sont les points où la dérivée h′(z) s'annule), sont... - Afficher les 20 références