OR FOND D'
L'emploi de l'or en peinture, sur le fond d'un panneau, sur un mur ou sur toute surface picturale, est une pratique très ancienne qu'évoquent presque tous les traités conservés. Ces techniques sont encore employées, mais certains produits naturels ont été remplacés par des substances chimiques.
Il faut distinguer la dorure sur panneau (plus rarement sur toile ou sur feuille de parchemin), de la dorure sur mur. En règle générale, il s'agit de faire adhérer de la poudre d'or (en coquille ou en feuille) au support par l'intermédiaire d'une « assiette » et d'un liant adhésif.
Les techniques anciennes sont bien décrites dans les traités d'Héraclius (xie s.), de Théophile (xiie s.), de Cennino Cennini (Libro dell'arte, fin du xive ou début du xve siècle) ou de Jehan le Bègue (rapporté par M. P. Merrifield, Original Treatises on the Art of Painting, 1849).
Sur panneau, la recette la plus courante consiste à étendre sur le gesso un bol, « bol d'Arménie » d'argile rouge très fine mêlée à de l'albumine d'œuf battue, utilisée pour le fond de même préparation. Quand le tout est bien sec, on brunit avec une dent de chien et on lisse avec un tampon de lin. On passe ensuite le blanc d'œuf après avoir humidifié et l'on dépose l'or de la feuille. On brunit à nouveau.
Sur un mur, on utilise en général un mordant à base d'huile cuite, de térébenthine et de cire. On pose parfois ce mélange sur certains panneaux.
Pour la dorure sur parchemin ou sur tout autre support de type bristol, dont la surface est légèrement glacée, on utilise de la poudre d'or en coquille avec de l'eau gommée et du fiel (ou tout autre produit similaire de synthèse) en préparant parfois l'assiette avec une couche de tempera à l'œuf et à la glycérine ou encore avec du blanc d'argent et de la glycérine, parfois de la gélatine. On utilise également la formule d'une gomme adragante (comme pour le pastel). Mais les recettes sont nombreuses comme on peut le voir dans les divers manuscrits cités (du cinabre, du blanc d'œuf, de la gomme et du fiel ou du lait de figue, etc.). Dans certains cas, une dorure dite a macca était faite à l'aide d'un vernis transparent jaune d'origine chinoise, dont on recouvrait de la poudre d'argent.
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Écrit par
- Jean RUDEL : agrégé de l'Université, docteur ès lettres et sciences humaines, professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, peintre et écrivain
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