FONDAMENTALISME
« La loi de Dieu d'abord ». Par fondamentalisme, on désigne au sens large toutes les radicalités religieuses qui défendent une conception intransigeante de la religion, au risque d'une confrontation avec la société environnante. Comme le note Steve Bruce, si « la religion, prise trop au sérieux, constitue un régime trop riche pour la plupart des gens, elle n'en attire pas moins des zélotes » qui rejettent les compromis, les demi-mesures, et entendent vivre leur « enthousiasme religieux » jusqu'au bout. Les fondamentalistes, toutes confessions confondues, sont ces « zélotes modernes ».
Une réaction religieuse à la modernité
Une des caractéristiques générales du fondamentalisme est l'intolérance : la vérité est une, l'erreur multiple. La mise en avant de la notion d'autorité est partagée par tous les fondamentalismes. L'autorité normative, qu'elle soit placée dans une tradition, un leader, ou dans un texte, constitue un trait fédérateur pour tous les mouvements religieux radicaux.
Il en est de même de la contestation de la modernité, qui peut passer du stade de la critique sélective (fondamentalistes américains) au rejet global de ses présupposés (certains courants islamistes). Ainsi, l'idée d'une autonomie individuelle qui puisse se passer de la norme divine apparaît insupportable aux fondamentalistes qui, par ailleurs, se retrouvent également dans l'idée que la foi se traduit dans l'espace public et ne saurait donc se réduire à la sphère privée.
La violence, en revanche, ne représente pas un trait commun aux divers fondamentalismes. La violence religieuse n'est pas toujours fondamentaliste, et tous les fondamentalistes sont loin d'être violents.
Ces caractéristiques communes se comprennent à partir d'une toile de fond paradoxale, celle de la modernisation des sociétés. Le bon sens voudrait qu'on associe fondamentalisme religieux et archaïsme, tradition figée, conservatisme désuet. C'est pourtant inexact. Les fondamentalismes religieux renvoient, en réalité, à un symptôme de la modernisation des sociétés. Dans une société traditionnelle de type moniste où le religieux est totalement imbriqué dans la cité, le fondamentalisme n'a pas véritablement lieu d'être, en tous cas pas sous ses formes les plus agressives. C'est lorsque le processus de modernisation des sociétés commence à reléguer le religieux dans la sphère privée, lui contestant le droit de structurer l'ensemble de l'existence individuelle et de la vie sociale, que se dressent les fondamentalismes, qu'ils soient chrétiens, musulmans, bouddhistes, ou hindous.
Cette revendication fondamentaliste est loin de refuser tous les aspects de la modernité, preuve en est sa maîtrise parfaite d'Internet. Ce qu'elle dénonce, c'est l'éviction d'une norme transcendante (hétéronomie), le fondamentalisme affirmant que la « liberté des hommes » n'a de sens que si l'on admet la supériorité de la « loi de Dieu ».
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Écrit par
- Sébastien FATH : agrégé d'histoire, chercheur au CNRS, laboratoire Groupe sociétés, religions, laïcités
Classification
Média
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